Maria Nowak, banquière de l'espoirOn ne prête pas qu'aux ri...

Maria Nowak, banquière de l'espoirOn ne prête pas qu'aux riches. » Pour Maria Nowak, c'est plus qu'une formule, c'est le combat de toute une vie. Dix ans après avoir créé l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie), cette septuagénaire est devenue le symbole de l'économie sociale et solidaire. Son modèle ? Mohammed Yunus. Elle a rencontré le père du microcrédit bangladais ? fondateur de la Grameen Bank et Prix Nobel de la Paix (2006) ? dans les années 1980 : « J'ai trouvé son expérience qui démarrait extrêmement intéressante. J'étais à l'époque directrice des études et des recherches à l'Agence française de développement et nous avons transféré cette approche en Afrique de l'Ouest. Peu de gens y croyaient. Ça a marché, et je me suis dit pourquoi pas en France ? C'était au moment où on instaurait le RMI. » C'est le début d'un long combat pour permettre aux personnes exclues du marché du travail et du système bancaire classique de créer leur entreprise et donc leur emploi grâce au microcrédit. « Ça a été pour elle une évidence de vouer sa carrière professionnelle aux plus démunis, mais elle s'est heurtée beaucoup aux bureaucraties et aux inerties. Elle a vécu cette aventure avec un acharnement qui est insoupçonnable chez quelqu'un. C'est un truc de dingue, elle ne peut pas s'arrêter? », explique sa fille, la journaliste Anne Hirsch.Polonaise fuyant l'horreur de la guerre et les nazis, Maria Nowak arrive enfant en France sans parler un mot de français. Après Sciences po et des études économiques, elle va travailler dans la coopération et le développement, en Afrique pour l'AFD et en Europe de l'Est pour la Banque mondiale. Elle fait même la découverte des cabinets ministériels aux côtés du ministre de l'Économie Laurent Fabius ? « un drôle de souvenir parce que c'était pas vraiment mon truc, la politique ! ». Au final, autant d'expériences professionnelles recyclées dans le travail associatif et bénévole qui servent son combat. « C'est une démarche de longue haleine », dit celle qui ne se serait pas vue créer un autre type d'entreprise ou travailler dans une banque. 13.?000 microcrédits accordés ? d'un montant moyen inférieur à 3.000 euros « mais pouvant monter à 10.000 euros lorsqu'ils sont complétés par d'autres types de prêts » ?, 24.000 clients actifs dans toute la France et un taux d'insertion de 80 % : voilà les résultats de « la banquière de l'espoir » dans un pays qui compte 7 millions de personnes en situation de précarité? « Ce qui est fondamental dans cette démarche, c'est l'initiative des créateurs d'entreprise, mais ce coup de pouce qu'on peut leur apporter, on ne peut le faire que parce que de nombreux individus et de nombreuses institutions nous apportent leur appui. » « C'est un accompagnement pour nous banquiers », dit Michel Pébereau. « Les chômeurs sauvés par le microcrédit, c'est le sauvetage de quelqu'un qui a souffert sur un plan individuel du fonctionnement de l'économie de marché, par le marché lui-même. C'est formidable », souligne le président de BNP Paribas.Le combat d'une vie qui n'est pas non plus le fruit du hasard au regard de son histoire personnelle, elle qui a survécu à la guerre. « Je pense qu'au fond, elle a une dette à payer et qu'elle la paye en aidant les autres », dit sa fille. « C'est vrai », concède Maria Nowak avant de conclure : « D'un côté, on se dit, on est parti de rien et on arrive à financer aujourd'hui 75.000 prêts. Mais de l'autre, si on pense à tout ce qu'il reste à faire, à tout ce gisement d'emplois et de talents qui sont inexploités, on se dit qu'on commence à peine? »
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