Goldman Sachs succombe à son tour à la tempête financière

Goldman Sachs l'assure : malgré sa perte historique au quatrième trimestre, l'unique banque d'affaires new-yorkaise avec Morgan Stanley à avoir survécu à la crise du subprime continue à bénéficier de la confiance du marché. Sa perte nette de 2,12 milliards de dollars s'est révélée moins lourde qu'anticipé par certains analystes qui prévoyaient des dépréciations de 9 milliards de dollars alors qu'elles se sont inscrites à 5 milliards de dollars. De fait, le titre Goldman Sachs, qui a perdu les deux tiers de sa valeur depuis septembre, gagnait 12 %, à 74,3 dollars, hier à mi-séance.David Viniar, le directeur financier de l'établissement, relativise sa contre-performance pourtant marquée par la première perte trimestrielle enregistrée depuis son introduction en Bourse en 1999. « Il faut replacer ces résultats dans leur contexte, celui de conditions de marché extrêmement difficiles », affirme le responsable alors que cette année, Bear Stearns et Merrill Lynch ont été revendues à la hâte tandis que Lehman Brothers a fait faillite.Alors que la banque a enregistré un résultat annuel de 2,32 milliards de dollars, en chute de 80 %, « Goldman Sachs est resté profitable », pondère son PDG Lloyd Blankfein. Celui-ci souligne toutefois que ces résultats reflètent « un fort déclin de la valeur de pratiquement tous les types d'actifs ». Au dernier trimestre, le produit net bancaire (PNB) a été négatif de 1,58 milliard de dollars alors qu'il s'était inscrit à 10,7 milliards de dollars pour la période correspondante de 2007. La banque ne détaille pas la conséquence de la déroute des hedge funds sur ses activités mais assure que, « en 2009, les rentrées de capitaux dépasseront les sorties ».Les principaux métiers de la banque ont souffert au quatrième trimestre : un PNB négatif de 3,4 milliards pour les activités obligataires, de devises et de matières premières, pertes de 3,6 milliards de dollars sur les investissements en compte propre, division par deux des revenus de la banque d'investissement, plongeon de 19 % de ceux réalisés dans la gestion d'actifs? Ces résultats « reflètent les difficultés auxquelles le modèle économique du groupe est confront頻, remarque Moody's.« expositions opaques »Estimant que Goldman Sachs occupe « des expositions opaques » sur des produits financiers risqués, l'agence a dégradé hier d'un cran la note de la dette à long terme de la banque, abaissée de Aa3 à A1. Cette note, qui porte sur 175 milliards de dollars de dette, est assortie d'une perspective négative. Le siège de Goldman Sachs a précisé à « La Tribune » que son exposition aux crédits hypothécaires subprime s'élevait à 1,8 milliard de dollars, qu'elle était d'un montant équivalent dans les crédits à taux variables Alt-A et s'inscrivait à 1,5 milliard pour les crédits de meilleure qualité dits « prime ». Et David Viniar a indiqué à Bloomberg que l'exposition à l'immobilier commercial avait été ramenée de 14,6 à 10,9 milliards de dollars.Depuis l'adoption du statut de banque commerciale en septembre, les opérateurs de marché attendent de Goldman Sachs une acquisition afin d'élargir sa base de dépôts, inscrits à 20 milliards de dollars. David Viniar promet que, d'ici à un an, leur montant pourrait être multiplié par cinq grâce à une politique commerciale dynamique, notamment dans la gestion de fortune et le courtage. Le responsable n'exclut pas une opération de croissance externe mais affirme que l'établissement sera « prudent » et s'évertuera à « ne pas réaliser d'acquisition de dépôts à laquelle soient associés des actifs risqués ».Éric Chalmet, à New York
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