Thales tourne une page de son histoire

À quelques heures de l'assemblée générale de Thales, un compromis semblait se dessiner hier en fin de journée pour que tout se passe bien entre gens de bonne compagnie. Le PDG sortant de Thales, Denis Ranque tenait à présider une toute dernière fois l'AG du groupe d'électronique. Cela devrait lui être accordé. Aussi laissera-t-il son fauteuil au PDG de Nexter, Luc Vigneron, ce matin lors d'un conseil d'administration chargé initialement de préparer l'AG qui s'annonçait sanglante il y a peu. Du coup, le conseil prévu à l'issue de l'AG, et qui devait révoquer Denis Ranque, doit être annulé. Il est fini le temps, au c?ur de l'hiver, où des administrateurs indépendants et certains représentants de l'État se montraient prêts à ne pas voter la révocation de Denis Ranque, qui a mené une belle bataille ? certes perdue d'avance ? contre les prérogatives actionnariales de l'État et de Serge Dassault. Selon nos informations, à l'époque, Marcel Roulet, pourtant un très grand serviteur de l'État, était même prêt à se démettre plutôt que de voter le départ du PDG de Thales.Pour autant, les règlements de comptes sont remis à plus tard. Les couteaux sont rangés le temps de l'AG, afin d'éviter un spectacle à ne pas montrer aux petits actionnaires. Le linge sale sera lavé en interne, tôt ou tard, par le nouvel actionnaire et les deux nouveaux hommes forts du groupe : le PDG Luc Vigneron, déterminé et dur en affaire, et son numéro deux, imposé par le PDG de Dassault Aviation Charles Edelstenne, l'ambitieux François Quentin. Ce tandem fonctionnera-t-il sur le long terme ? En tout cas, les deux hommes devraient s'appliquer à renouveler profondément le comité exécutif de Thales. De son côté, Serge Dassault, avec la bénédiction de l'État, devrait aussi changer en profondeur le conseil d'administration.liste noireSi Luc Vigneron doit arriver seul chez Thales, il est notoire qu'il s'entend très mal avec Bruno Rambaud, directeur adjoint de Thales en charge de l'Europe, proche de Denis Ranque et déjà dans le collimateur de François Quentin. Ce dernier, qui s'est longtemps baladé dans les couloirs de Thales avec une chemise cartonnée rouge, baptisée « nouvel organigramme du groupe », aurait dressé une liste noire. Avec son futur poste (stratégie, opérations et une partie de l'international), il remplace à lui seul quatre membres du comité exécutif : Jean-Loup Picard (stratégie), Jean-Paul Lepeytre (opérations), Bruno Rambaud (Europe) et Alexandre de Juniac (Asie, Afrique, Moyen-Orient, Amérique latine). Si les trois premiers semblent condamnés à terme, le dernier, proche de l'Élysée, devrait avoir le temps de se retourner. Cela ne devrait pas être le cas d'Yves Barou (ressources humaines). Enfin, Dassault Aviation aurait de son côté dans le collimateur le patron des finances, Patrice Durand. Luc Vigneron, qui aura les patrons des divisions sous son autorité directe, laissera-t-il faire ce ménage ?
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