Poussée de fièvre sur la grippe A

Si une véritable épidémie de grippe A touche la France dans quelques jours, les mêmes qui disent aujourd'hui que le gouvernement en fait trop diront qu'il n'en a pas fait assez. » Hier matin, en présentant son plan de prévention contre la grippe A dans les écoles, Luc Chatel, le ministre de l'Éducation nationale, qui est aussi porte-parole du gouvernement, a voulu couper court à la polémique naissante sur l'attitude des pouvoirs publics face aux risques du virus H1N1. « Il faut éviter deux écueils, la banalisation et la dramatisation. » Pour lui, « la gravité de la grippe A est aujourd'hui modérée, notamment chez les enfants ». conseils d'hygièneIl n'empêche : le gouvernement va prendre une série de mesures. Il va faire distribuer, le jour de la rentrée, 12 millions d'exemplaires d'un dépliant aux familles leur rappelant les conseils d'hygiène de base. Surtout, si trois cas de syndromes grippaux sont détectés en moins d'une semaine dans une classe, le préfet pourra décider la fermeture de l'établissement. En cas de fermetures généralisées, des programmes pédagogiques seraient diffusés sur des chaînes publiques et via Internet.En l'espace de quelques jours, pourtant, le débat sur la grippe A a changé de nature en France. Jusqu'à présent, la question était de savoir comment l'État et les entreprises se préparaient pour limiter les conséquences d'une probable épidémie à la rentrée. Le scepticisme qui se faisait jour dans d'autres pays européens sur la gravité réelle de la grippe A avait rencontré peu d'écho dans l'Hexagone (voir ci-contre).Désormais, la question centrale est : le gouvernement n'en fait-il pas trop ? À preuve : hier matin sur France Inter, Marcel Grignard, le numéro deux de la CFDT, a reproché à Luc Chatel « de faire peur aux gens. » Déjà, fin juillet, Bernard Debré, professeur de médecine mais également député UMP de Paris avait accusé le gouvernement d'en faire trop face à « une grippette ». 68 % des internautes ayant répondu à cette question sur latribune.fr ont jugé effectivement que le gouvernement en faisait trop.Mezzo voce, certains suspectent même le gouvernement de faire une belle opération de communication politique avec le dossier de la grippe A. Sur le sujet, la gauche reste en effet muette de peur d'être accusée de nuire à l'intérêt général. Seul ou presque, le député PS de la capitale, Jean-Marie Le Guen, s'est-il exprimé, et encore afin de réclamer des moyens supplémentaires pour les hôpitaux de Paris en sa qualité de président du conseil d'administration de l'Assistance publique.éviter la critiqueQuoi qu'il en soit, le gouvernement ne semble pas vouloir changer de ligne : éviter à tout prix la critique d'imprévoyance au risque d'en faire effectivement beaucoup. Depuis avril, un comité interministériel, sous la direction du ministre de l'Intérieur, s'est réuni régulièrement pour coordonner les plans de prévention des différents ministères. « Le pays est prêt à affronter la grippe A », a martelé François Fillon le 24 juillet lors d'une visite très médiatique dans une pharmacie de Rambouillet en compagnie de Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé. Celle-ci a d'ailleurs été présente tout l'été dans les médias. Tous les politiques ont en mémoire le précédent de la canicule de l'été 2003 qui avait entraîné le décès de près de 20.000 personnes âgées. La gestion désastreuse de cette crise par Jean-François Mattéi, alors ministre de la Santé du gouvernement Raffarin, est resté dans les mémoires.
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