« Les émergents en tête, l'Europe à la traîne »

James H. Quigley, directeur général de DeloittePensez-vous que nous voyons la fin de la crise économique ?Nous allons certainement voir la fin de la crise. Toute la question est de savoir quand. Je n'ai pas la réponse. J'espère qu'une croissance économique lente et soutenue s'amorcera en 2010. La priorité est de stopper les pertes d'emplois. À cette condition, l'optimisme reprendra le dessus pour se développer. Et j'espère que le marché du logement est arrivé à son plus-bas et à une certaine stabilité. Depuis le point bas atteint par les marchés en mars, l'indice Dow Jones des trente valeurs industrielles a rebondi, prouvant que les opérateurs ne craignaient plus une implosion financière.Où voyez-vous les signes de reprise économique ? Aux États-Unis, en Europe ou dans les pays émergents (Chine, Russie?) ?Les signes de reprise s'observent dans les pays émergents. La Chine et l'Inde ont continué de se développer. La reprise a été rapide au Brésil. L'économie de ces pays est très dépendante de leurs exportations. Je pense qu'on pourra discerner des signes de reprise d'abord en Chine puis en Inde, aux États-Unis et enfin en Europe. Pour que les amorces de reprise s'installent durablement, il faut absolument éviter le protectionnisme. Il faut que le commerce et les échanges de biens et de services soient préservés.Pourquoi l'Europe sera-t-elle à la traîne ?Certains fondamentaux en Europe mettent un peu plus de temps à décoller. Cela se retrouve notamment dans la mobilité du marché du travail et des capitaux. Généralement, aux États-Unis, si vous perdez par exemple au Michigan votre emploi, vous n'hésitez pas à aller au Texas pour en obtenir un autre. Pour des raisons culturelles et linguistiques en Europe, dues à un long héritage historique, le travailleur qui perd son emploi est en revanche moins mobile.Comment redonner confiance aux marchés financiers ?L'idée présentée par le G20 de mettre en place un collège de régulateurs va dans la bonne direction. Jusqu'à présent, la réglementation est prise en charge par une autorité nationale. Il faut sans doute plus de transparence et de collaboration.On ne pouvait pas faire confiance aux bilans des banques en 2007 pour les résultats de 2006, ni en 2008 pour les résultats de 2007. Peut-on faire confiance aux bilans des banques en 2009 et pour les années suivantes ?J'espère. Le bilan est une représentation de l'activité de la banque mais il faut connaître la nature de la communication des banquiers et leur méthode pour évaluer leurs actifs. On en revient à la question de la transparence et de la confiance. Et des bonnes pratiques aussi. Si vous ne comprenez pas comment fonctionne un actif financier complexe, il ne faut pas l'acheter. Propos recueillis par Pascal Boulard et Frédéric Hastings
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