Les investisseurs se montrent de plus en plus sélectifs

La « success story » des pays émergents s'apparente de plus en plus à un lointain souvenir. Selon l'agence de notation FitchRatings, « les économies de ces pays, si l'on se place sur la période d'après la crise de 1997, seraient aujourd'hui plus exposées que jamais à un risque systémique ». En cause?: la récession bien sûr, mais aussi le déclin plus fort que prévu du cours des matières premières, et l'incapacité voire la mauvaise volonté des banques occidentales à octroyer des prêts à ces économies en voie de développement. Ce postulat étant posé, le degré de fragilité de ces pays est loin d'être le même pour tous. Jugés en plus mauvaise posture que les autres, les pays de l'Europe centrale et orientale, sont ceux qui, compte tenu de la profondeur de leurs déficits courants et de leur forte dépendance aux prêts en devise étrangère, inquiètent le plus. Cette zone, selon FitchRatings, est particulièrement à surveiller. Au même titre que le Vietnam et la Corée du Sud en Asie, ou encore que le Chili, le Brésil et la Colombie en Amérique latine.vraie sélectionCes disparités ne sont guère nouvelles mais disons que depuis le début de l'automne, elles commencent à transparaître plus clairement dans les choix des investisseurs. « Contrairement à ce qui se faisait en septembre-octobre, ils commencent à opérer une vraie sélection », confirme Simon Pickard, chez Carmignac. À titre d'exemple, poursuit le gérant, « la Chine est clairement le pays qui profite le plus de ce retournement de situation. Après l'annonce de mesures de relance coups de poing, elle est désormais perçue comme étant capable de stabiliser son économie ». Depuis le 30 septembre, l'indice Shanghai Composite se comporte d'ailleurs nettement mieux que les autres, en ne cédant que 8 % sur la période. L'Asie dans son ensemble, grâce à sa situation budgétaire plus solide, à des politiques monétaires stables et au ralentissement de l'inflation, a mieux résisté que les autres régions émergentes. À l'inverse, ajoute Simon Pickard, « les pays d'Europe de l'Est et la Russie, qui souffrent de déficits courants, et dont le système bancaire est fragile, ont été les plus pénalisés ». Sur la même période, la Hongrie (? 39 %) et la Russie (? 47 %), également frappée par la déprime de l'or noir, ont figuré au rang des marchés les plus sanctionnés. À mi-chemin entre ces deux extrêmes, les grands marchés d'Amérique latine ont, quant à eux, surtout ployé sous le poids de l'affaiblissement de leurs monnaies et de la détente des cours des matières premières. Sur le dernier trimestre, l'indice Bovespa a ainsi perdu 36 %. Marjorie Bertouille
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