La Filature Arpin poursuit son redressement

Comment une filature vieille de près de 200 ans peut-elle tirer encore son épingle dans le grand jeu textile mondial ? Sans doute en ayant accueilli un peu de jeunesse dans son très traditionnel univers. Si les laines de la Filature Arpin, créée en 1817 à Séez-Saint-Bernard (Savoie), ont depuis toujours joui d'une excellente réputation, l'arrivée de la laine polaire, dans les années 1990, et du grand boom de la couette, ont mis à mal ses affaires.Cédée par la famille Arpin, elle affronte un redressement judiciaire en 1998 suivi d'un plan de continuation en 2000. Avec une production anecdotique, elle tend à devenir, doucement, un musée vivant. L'arrivée en 2004 de Jean Desmoulière, un stagiaire devenu aujourd'hui (à 26 ans !) directeur de la filature, et de Jean-Philippe Caille, qui a pris 70 % du capital en 2006, a réveillé cette vieille dame. Le jeune duo a totalement redéfini la stratégie. À commencer par le positionnement. " Nous voulions installer la marque dans le haut de gamme ", explique Jean-Philippe Caille. Pour cela, les deux hommes s'appuient sur la capacité de filature à fournir du sur-mesure et des collections " revisitées " qui ont fait sa réputation : Draps de Bonneval et de Savoie, Muletière et Tissu des Alpes, etc. Ils les proposent à des créateurs, des architectes d'intérieur, des designers, des couturiers, etc.LANCEMENT A L'INTERNATIONALIls revoient aussi le réseau de distribution, plus sélectif, et n'hésitent pas à se lancer très vite à l'international (50 % du chiffre d'affaires qui est ressorti à 600.000 euros pour l'exercice clos fin mars 2008, 800.000 euros étant attendus cette année avec un retour aux bénéfices). Ils investissent quelque 600.000 euros en informatique, recrutements, la mise aux normes, etc.Mais côté production, les nouveaux dirigeants ne changent rien ! Et c'est peut-être là le vrai secret. Arpin achète encore, chaque année, 15 tonnes de laine des moutons de la Tarentaise, du Beaufortain, de la Maurienne et du Val d'Aoste. Laine triée à la main, lavée, séchée dans un galetas (grenier), avant toutes les étapes de la filature et du tissage réalisées sur des machines classées, pour les deux tiers d'entre elles, à l'Inventaire du patrimoine. La filature emploie aujourd'hui quinze personnes, son maximum historique. L'équilibre des comptes est attendu pour le prochain exercice.
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