Le BTP à l'origine de 30 % des accidents mortels au travail

CONSTRUCTIOnLe chiffre est terrible en ce début de XXIe siècle. En 2007, 184 salariés du secteur du BTP (hors intérimaires) ont trouvé la mort au cours de leur travail en France, tous ­types d'entreprises confondus, d'après les dernières statistiques de la Caisse nationale d'assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS). Chutes, chocs, accidents liés, par exemple, à l'utilisation d'engins de terrassement, les causes sont multiples. Le nombre de morts grimpe à 254 avec les décès survenus lors de trajets ou liés aux maladies professionnelles. De même source, 131.253 accidents ayant occasionné des arrêts de travail ont été déclarés en 2007 par la filière sur 1.562.956 employés. « Le BTP est le secteur d'activité le plus accidentogène en France, en raison notamment des aléas liés aux chantiers et aux acteurs multiples et hétérogènes » qui interviennent, note Philippe Bourges, ingénieur-conseil à la CNAMTS. En 2007, le BTP employait 8,6 % des employés du régime général et recensait 18 % des « accidents avec arrêt » et 30 % des décès.En 2000, la CNAMTS avait déploré 176 décès et 124.305 « accidents avec arrêt » sur les 1.239.277 salariés du BTP. La baisse des taux d'accident est donc encore bien lente. « Nous avons lancé un plan d'action national 2009-2012 où le BTP est l'un des thèmes prioritaires, poursuit Philippe Bourges. Nous visons l'ensemble des entreprises du secteur, qui ont des progrès à faire en termes de prévention, mais aussi les donneurs d'ordres, qui s'impliquent trop peu en la matière. Certains, par exemple, ne laissent parfois que quinze jours à une entreprise pour préparer un chantier quand il faudrait trois mois. »Du côté des « majors » du secteur, « il y a aussi des accidents mortels mais, comme leurs chantiers sont mieux organisés et qu'ils consacrent plus de moyens à la prévention, leur taux de sinistralité est meilleur que celui des petites entreprises », ajoute l' ingénieur-conseil. Le 14 mai, lors de l'assemblée générale des actionnaires de Vinci, des ouvriers du groupe distribuaient des tracts pour pointer l'absence dans le rapport annuel de la mention du nombre des décès. Selon la CGT, 24 salariés de Vinci sont morts en 2008 du fait d'accidents du travail, dont 13 en France (hors intérimaires). Chiffre qui grimpe à 36 avec les accidents liés aux trajets, dont 19 en France. Vinci n'infirme ni ne confirme cette information, mais précise que les taux de fréquence et de gravité ont été divisés par deux en cinq ans. Son rapport annuel 2008 indique, en effet, une baisse en cinq ans de 35 % du taux de fréquence et de 40 % du taux de gravité des « accidents du travail avec arrêt ». Le groupe ajoute que le nombre de filiales ayant atteint « le seul objectif possible, zéro accident », a doublé. Sophie Sanchez
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