Julius Baer scinde sa banque privée et sa gestion d'actifs

Quatre ans. C'est la courte période pendant laquelle la banque suisse Julius Baer aura détenu GAM, la branche de gestion d'actifs rachetée à UBS en 2005. Hier, son président, Raymond Baer, a annoncé la séparation de ses activités de banque privée et de gestion d'actifs en deux entités cotées distinctes. Son objectif : faire disparaître « le risque de conflit d'intérêts » pour le client. En d'autres termes, éviter la tentation de proposer à la clientèle de la gestion de fortune des produits maison, pas forcément meilleurs que les autres du marché et sur lesquels le groupe perçoit des commissions. « Les deux entités seront totalement indépendantes en termes de gouvernance, de stratégie [?] et d'organisation », insiste Raymond Baer. Autre bénéfice de cette séparation : préserver « les intérêts des actionnaires sur ces deux métiers, qui n'étaient pas toujours alignés » jusqu'alors. « Les actionnaires sont aujourd'hui opposés à un tel mélange des genres », confirme une analyste.Les activités de banque privée seront désormais regroupées au sein d'une nouvelle société, Julius Baer Group, qui gérera 180 milliards de francs suisses (119 milliards d'euros). Pour sa part, GAM Holding (116 milliards de francs d'actifs), composé de GAM, Artio Global et Julius Baer Asset Management Europe, se consacrera à la gestion d'actifs. Avec cette scission, « nous avons un positionnement unique », revendique le président de la banque. « Il n'y a aucune autre banque privée » suisse libérée de l'influence de « sa maison de gestion d'actifs ». Bref, à écouter Raymond Baer, l'opération n'a été motivée que par un souci d'indépendance et de ménagement des actionnaires.« image écornée »Pour Nicolas Raynaud, manager au cabinet Sia Conseil, la man?uvre vise plutôt à restaurer « l'image de la banque privée, écornée par la gestion d'actifs ». « À la différence de la France, le métier de la gestion de fortune est le nerf de la guerre en Suisse. La reconquête des clients fortunés, dont certains ont le sentiment d'avoir investi dans des produits risqués sans en avoir été informés, est donc primor­diale », continue-t-il. Raymond Baer entendrait donc séparer le bon grain de l'ivraie. De fait, alors que le résultat opérationnel de l'activité de banque privée avait stagné en 2008, celui de la gestion d'actifs s'était effondré de presque 25 %. En outre, dans un bilan publié en mai dernier, Julius Baer soulignait « la situation [?] problématique dans la gestion institutionnelle », alors que la banque privée « continuait d'attirer de nouveaux capitaux ». Cette « problématique » n'est d'ailleurs pas réservée à Julius Baer. Toute l'industrie de la gestion d'actifs est aujourd'hui dans la tourmente. En témoigne le rapprochement en cours des branches de gestion d'actifs de Crédit Agricolegricole SA et de Société Généralecute; Générale et la pos­sible cession de Barclays Global Investors par sa maison mère. « Il y aura une forte consolidation dans la gestion d'actifs et GAM fera de meilleurs choix en étant indépendant », a d'ailleurs estimé le président de Julius Baer.Mercredi, l'annonce de la scission a été saluée par les marchés. Dans une Bourse quasiment stable (+ 0,19 %), le titre a clôturé en hausse de 1,37 %, à 44,50 francs suisses. La Bourse de Zurich était fermée hier.
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