Bons baisers d'Allemagne

« le ruban blanc »Certains y voient déjà la palme d'or. Car « le Ruban blanc » de Michael Haneke répond parfaitement à la définition du cinéma donnée par Isabelle Huppert lors de l'ouverture du festival : « un regard sur le monde et un projet esthétique ».Pour cette fois, le réalisateur autrichien a abandonné la couleur au profit du noir et blanc. Et planté sa caméra dans un petit village protestant d'Allemagne du Nord, en 1913. Le baron local y règne en maître entouré de notables et d'une armée de paysans travaillant sur son domaine. Rien que de très normal en ces années-là. Sauf que, en cette veille de Première Guerre mondiale, d'étranges accidents se produisent. Ainsi, un piège a été tendu au médecin, ce qui l'a envoyé à l'hôpital. Le fils du baron a été rossé jusqu'au sang. Mais nul ne sait qui commet ces méfaits.Michael Haneke réussit une mise en scène à la fois classique et radicale, observant ce village de manière glaciale, maintenant avec ses personnages (pour lesquels il n'a aucune affection) une distance accentuée par le noir et blanc. L'image, magnifique, de la campagne allemande contraste avec la violence qui se dégage de cette histoire. Car c'est bien de cela qu'il s'agit ici. D'une violence et d'un sadisme qui sont, à en croire Haneke, inhérents à la société allemande de ces années-là. Il n'y a qu'à voir la manière dont les parents élèvent leurs enfants. À coups de fouets, d'humiliations et de culpabilité. Au fond, les germes du nazisme sont là, dit Haneke. Inoculés dès le berceau à ces marmots qui, vingt ans plus tard, composeront les forces vives du IIIe Reich. Yasmine Youssi, à Cannes
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.