Pauvres banquiers centraux

Confrontés à une crise financière sans précédent, les gouvernements qui, à l'échelle de la planète, cherchent à moraliser la rémunération des patrons de banques et à supprimer les parachutes dorés dont ils sont gratifiés feraient bien de s'inspirer de la rétribution des banquiers centraux. Ceux-là mêmes qui sont au chevet d'un système bancaire exsangue que ces dévoreurs de bonus, primes et autres stock-options ont contribué à mettre à genoux.C'est une véritable leçon d'humilité que pourraient leur donner les grands argentiers, pourtant considérés comme les personnages les plus puissants du monde. Le gratin de la planète financière n'est certes pas au pain sec et à l'eau, mais, à la tête des instituts d'émission, on ne roule pas sur l'or. Qu'on en juge. Les émoluments de Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine, s'élèvent à 191.300 dollars par an. Cela représente moins de 12.000 euros par mois, sur douze mois. Ce n'est pas le Smic, mais, étant donné les responsabilités qui pèsent sur ses épaules, autant dire que le patron de la banque centrale la plus influente du monde, pourtant le moins bien rémunéré du G7, a unsalaire de fonctionnaire.Ses homologues sont un peu mieux lotis. Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, dispose d'un salaire de 346.252 euros (464.200 dollars), Masaaki Shirakawa, qui dirige la Banque du Japon, émarge à l'équivalent de 350.600 dollars, tandis que Mervyn King, à la tête de la Banque d'Angleterre, touche 479.500 dollars. Un seul grand argentier est millionnaire en dollars : c'est le président de l'Autorité monétaire de Hong Kong, Joseph Yam, gratifié d'un salaire annuel de 1,33 million.Ces disparités ont certes de quoi étonner, mais le plus stupéfiant est ailleurs. Il faudrait à Joseph Yam dix-sept années de travail pour engranger l'équivalent du seul bonus versé au cours du seul mois de mars à Richard Fuld, le fossoyeur de Lehman Brothers, la banque d'affaires américaine en faillite, par qui le scandale estarrivé. Le pauvre Bernanke, lui,serait condamné à cent quinze ans de labeur.
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