Les comptes de la France vont plonger

Ce n'est plus un gouffre. C'est un abîme. Si les prévisions des experts de la Sécurité sociale se confirment (lire ci-dessous), il y a fort à parier que le déficit 2009 des comptes publics (État, Sécurité sociale et collectivités locales) ne s'aggrave sensiblement au cours de l'année prochaine. Le trou de la Sécu serait en effet augmenté d'au moins 5 milliards supplémentaires par rapport à ce qui était attendu initialement, à cause de la progression plus faible que prévu de la masse salariale, sur laquelle sont indexées les recettes de la Sécu. Un manque à gagner qui pèsera d'autant plus que le solde des comptes publics a déjà été fortement détérioré par la conjoncture économique et les dernières décisions gouvernementales.5 points de pib en 2009Semaine après semaine, les mauvaises nouvelles se multiplient pour les finances publiques. Petit retour en arrière. Prévu initialement pour atteindre 57,6 milliards d'euros fin 2009, le déficit de l'État s'est vu creusé par les mesures du plan de relance. Compte tenu de celles-ci, nombreuses et coûteuses, l'impasse atteint près de 80 milliards d'euros. Un exemple parmi d'autres?: les remboursements par l'État d'excédents d'acomptes de l'impôt sur les sociétés (IS) devraient largement dépasser les 4 milliards compte tenu du ralentissement des investissements de cette fin d'année. Avec un solde budgétaire détérioré et un trou du régime général de la Sécu plus large que prévu, c'est l'ensemble des comptes publics qui va faire très mauvaise figure en 2009. Le solde général est annoncé à 3,9 % du PIB pour la fin 2009, selon les dernières prévisions gouvernementales. Cette prévision n'est désormais plus vraisemblable. Certains experts l'ont d'ailleurs anticipé. Le rapporteur du budget au Sénat, Philippe Marini (UMP), avertissait dès la semaine dernière que « le déficit public pourrait même approcher les 5 points de PIB en 2009 et en 2010 ». Son homologue de l'Assemblée, le rapporteur général du budget, Didier Migaud (PS), déclarait également il y à moins d'une semaine : « Nous arriverons pratiquement à 80 milliards d'euros de déficit de l'État. Et nous frôlerons les 100 milliards avec la Sécurité sociale et les collectivités locales. » Un chiffre encore provisoire, car les collectivités locales n'ont pas encore fait connaître la réalité de leurs comptes, qui seront consolidés avec le solde général du pays. Elles ne le feront qu'en mars. Il y a peu de chance que leur déficit se limite à 0,3 % du PIB en 2009, comme c'était prévu cet été dans le projet de programmation des finances publiques. Car, à l'époque, le gouvernement tablait sur la modération traditionnelle des investissements les années suivant des élections locales. Or c'est l'État lui-même qui demande aujourd'hui aux élus locaux, décideurs de 70 % des investissements publics, de mettre le turbo sur les dépenses pour soutenir la relance?! De plus, il va falloir compter avec de nouvelles déceptions en matière de rentrées fiscales, et cela tant pour les collectivités locales que pour l'État. Relance et déficits ne font décidément pas bon ménage.n
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