Les valorisations de la Bourse chinoise pointées du doigt

Si les fondamentaux ne réagissent pas encore pleinement au flot de crédit qui s'est déversé sur l'économie chinoise au cours des derniers mois, la Bourse de Shanghai, elle, en a semble-t-il déjà pris acte. En quelques mois, elle s'est hissée en tête des meilleures performances mondiales, avec un gain supérieur à 35 %. Bref, la place chinoise s'est très vite rétablie de sa déconfiture de l'an dernier. Peut-être même un peu trop au goût d'un certain nombre de gérants. Parmi ceux qui pointent cette déconnexion entre l'économie réelle et les marchés, Jerry Lou, chez Morgan Stanley, est l'un des plus prudents. « Les marchés chinois ont largement anticipé la reprise », explique-t-il, « aujourd'hui, ils sont survalorisés ». Et d'ajouter : « l'indice MSCI China ne devrait guère évoluer au-dessus des 36,3 points, comme c'est le cas aujourd'hui. Il est donc 18,8 % au-dessus de l'objectif ». Jerry Lou n'est d'ailleurs pas le seul à mettre en garde les investisseurs. La semaine dernière, Goldman Sachs avait également mis fin à sa recommandation à l'achat sur les actions locales, estimant que les indices étaient désormais proches de l'« objectif de cours » fixé par la banque. Un discours également tenu par le gérant de China Asset Management, Wang Yawei, selon lequel « le marché chinois serait désormais en train de courir le risque de reconstitution d'une bulle ».Ces différentes alertes se justifient par les niveaux élevés qu'ont atteints les multiples de valorisation. Les entreprises chinoises sont en effet évaluées autour de 21,3 fois leurs bénéfices estimés, selon les chiffres relevés par Bloomberg, ce qui fait d'elles les plus chères aujourd'hui parmi les grands marchés émergents (Brésil, Russie et Inde). Et surtout porte la décote de la Bourse de Hong Kong par rapport à la place domestique chinoise à près de 50 %. « Cette situation est le fruit de la forte création monétaire », constate Claude Tiramani, gérant chez BNP Paribas AM. Mais « le rythme pourrait bien décélérer en avril avec, comme il faut s'y attendre, une plus grande normalisation de la croissance du crédit ». D'autres éléments pourraient également renverser la tendance. Notamment les publications des résultats des entreprises, s'ils ne sont pas à la hauteur des estimations fixées. Pour l'heure, le consensus table encore sur une hausse de 12 % des profits nets cette année pour les entreprises du CSI 300, à savoir les grandes capitalisations du marché domestique. Mais ce chiffre reste controversé par d'autres estimations plus sombres. Morgan Stanley évoque par exemple des résultats en chute de 8,8 %. Et de 15,4 % pour ceux du MSCI China.Marjorie Bertouille
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