En 2009, les banques ne prêteront pas autant que prévu

L'engagement pris par les banques françaises à l'automne dernier en matière de progression d'encours de crédit pour 2009 ne sera pas tenu. La contrepartie de la participation de l'État au renforcement de leurs fonds propres, à savoir une progression de 4 % des crédits distribués par les établissements financiers cette année, semble dans le contexte économique actuel totalement irréaliste. On s'oriente vers une croissance à peine supérieure à 1 % (1,3 %). C'est ce que révèle une étude réalisée par le Bipe et la Fédération bancaire française (FBF), qui met en avant la révision des scénarios de croissance du PIB (produit intérieur brut). En octobre dernier, le gouvernement travaillait sur des hypothèses d'une croissance de 1 % à 1,5 % de la richesse produite en France cette année. Aujourd'hui, on est passé à des niveaux de décroissance de 3 %.Déjà fin décembre 2008, l'évolution des encours de crédit sur l'année (+ 6,8 %) était en recul par rapport aux années précédentes (supérieure à 8 %). À cette époque, l'engagement d'une hausse de 4 % en 2009 paraissait néanmoins réaliste. Le renforcement des fonds propres des banques françaises avait précisément vocation à financer l'économie (en gardant un niveau de solvabilité inchangé, augmenter les fonds propres permet d'accroître l'encours de crédit). L'effondrement brutal de l'environnement économique à partir de décembre s'est traduit par une chute de la demande de crédit et donc de sa production, tant au niveau des ménages que des entreprises. Au cours du premier trimestre, l'encours de crédit aux ménages n'a crû que de 0,2 % et pour les entreprises, la progression n'a pas été bien meilleure (+ 0,4%). Comme le souligne l'étude, « aujourd'hui, dans un marché de l'immobilier en rupture (baisse des prix, baisse de la dépense logement en capital), la production de crédit habitat est en forte chute (? 35 % en glissement annuel au 1er trimestre 2009) ».Cette évolution n'a pourtant rien d'atypique, souligne André Babeau, conseiller scientifique au Bipe?: « La crise internationale de la période 1994-1996 s'est traduite par un recul des encours, tant pour les ménages que pour les entreprises. Le ralentissement que nous connaissons actuellement est plutôt modéré. »effets du chômageMais les perspectives ne rendent pas optimistes. Car sur le front de la demande de crédit, les moteurs ne sont pas au rendez-vous. Comme le souligne l'économiste, « d'une part, les baisses de prix dans l'immobilier ne sont pas encore suffisantes pour resolvabiliser les ménages notamment les familles modestes?; d'autre part, l'évolution du taux de chômage est un indicateur extrêmement lourd et qui a parfois des conséquences indirectes?: ainsi, des parents n'emprunteront pas pour acquérir un bien immobilier, parce qu'ils craignent que leur enfant soit touché par le chômage ».Autant dire que cet environnement ne pourra se dégager brutalement dans le bon sens en 2010. Le scénario du Bipe table sur un taux de croissance du PIB de 0,9 % (quand le gouvernement annonce plutôt une hausse de 0,4 %) et prévoit une évolution de l'encours de crédit de 3,2 % en 2010. Mais, reconnaît André Babeau, « si les prévisions du gouvernement sont les bonnes, nos estimations quant à l'encours de crédit vont au-delà de ce qui sera effectivement possible ». nLes perspectives ne rendent pas optimiste car les moteurs de la demande ne sont pas au rendez-vous.
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