Volkswagen avale son compatriote Porsche

C'est finalement le Goliath Volkswagen qui avalera le David Porsche. Dans la nuit de mercredi à jeudi, à l'issue d'un conseil de surveillance de Porsche, Wendelin Wiedeking a annoncé son départ de la présidence du célèbre constructeur de voitures de sport, ainsi que celui de son directeur financier Holger Härter. Une décision qui ouvre la voie à l'intégration progressive de la firme de Stuttgart dans le groupe Volkswagen. Le projet a été ensuite approuvé hier par le conseil de surveillance du premier constructeur automobile européen.Après près de vingt ans de présidence, Wendelin Wiedeking est donc tombé, victime de l'opposition qu'il avait suscitée chez Volkswagen en voulant reprendre ce dernier depuis 2005. Mais il est parti sur une dernière victoire. Selon le président du comité d'entreprise de Porsche, Uwe Hück, il a posé comme conditions à sa démission une augmentation de capital assurée par les familles propriétaires du groupe de 5 milliards d'euros ainsi que la poursuite des pourparlers avec l'émirat du Qatar. Ce dernier devrait d'ailleurs reprendre les options Volkswagen encore détenues par Porsche et les exercer pour se retrouver à la tête de 17 % du capital du constructeur de Wolfsburg.indépendance garantieAvec ces conditions, qui permettent à Porsche de ne pas faire appel à la générosité de Volkswagen pour assainir son bilan, l'ancien patron du groupe du Bade-Würtemberg a voulu garantir la future indépendance de Porsche au sein de Volkswagen. Le conseil de surveillance de ce dernier a d'ailleurs aussitôt affirmé que Porsche resterait « une entreprise autonome », à l'image d'Audi. Pour remplacer Wendelin Wiedeking, qui pourra compter sur une indemnité de départ de 50 millions d'euros, Porsche a choisi un homme du sérail, Michael Macht.Derrière ces assurances, il reste à déterminer quel sera le futur rapport de force au sein du futur groupe entre les familles Porsche et Piëch, propriétaires à 100 % de Porsche, le Qatar et le Land de Basse- Saxe. Ce dernier entend d'ailleurs rester en position de force. Actuellement détenteur de 20 % du capital de Volkswagen, il a refusé par la voix de son ministre président, Christian Wulff, toute dilution et demandé deux membres dans le futur conseil de surveillance.La question de la stratégie globale de ce futur groupe demeure également ouverte. Sur le plan des synergies, Wendelin Wiedeking a assuré les salariés de Porsche que leurs emplois étaient « sûrs ». Le président de Volkswagen, Martin Winterkorn, a évoqué « une meilleure utilisation du savoir-faire et des ressources ». Volkswagen et Porsche partagent déjà leurs 4×4 Touareg et Cayenne, sur la même plate-forme. Les analystes affirmaient hier que l'absorption de Porsche par Volkswagen était plus logique sur le plan industriel que l'inverse. Pour le directeur de l'institut pour la recherche automobile, Willi Diez, cette intégration peut changer la donne au sein du marché. Mettant en avant le succès d'Audi, il estime que Daimler et BMW devront rapidement renforcer leur coopération afin de résister à l'ogre Volkswagen. n
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