Bonus ? : les Français pris entre deux feux

Aller plus loin, mais sans prendre le risque d'aller trop loin. Tel est l'état d'esprit des banquiers français sur la question des bonus à l'approche de la réunion technique prévue aujourd'hui à Bercy pour préparer la rencontre de demain avec Nicolas Sarkozy.Selon l'Élysée, le président procédera à un rappel à l'ordre sur la question des bonus, mais ne devrait pas s'exprimer publiquement à l'issue de la réunion. Pour autant, « le chef de l'État ne réunit pas les banques pour être spectateur », avertit une source proche de Bercy, annonçant des « mesures concrètes » mardi. La place de Paris estime pourtant avoir pris ses responsabilités en adoptant dès février 2009, soit deux mois avant le G20 de Londres, un ensemble de « principes communs » sur la rémunération des professionnels des marchés. Élaboré sous la houlette de Bercy et de la Banque de France, qui lui ont conféré une valeur réglementaire, ce texte a en outre été appliqué dès cette année sur les bonus payés au titre de l'exercice 2008.deux poids, deux mesuresMais rien n'y fait. Face à la pression du gouvernement, le secteur va devoir donner de nouveaux gages. « Les discussions devraient tourner autour du rôle des instances de gouvernance dans la détermination des politiques de rémunération, et de la transparence à l'égard des actionnaires », estime une source bancaire. Les banques françaises pourraient aussi s'engager à ne pas verser de bonus dans les activités non bénéficiaires, comme certaines le font déjà, préciser les méthodes de calcul de ces bonus et les conditions des paiements différés afin de mieux prendre en compte le résultat des opérations dans la durée.Dans ce contexte, les banquiers tricolores craignent pour leur position concurrentielle. « Il serait suicidaire d'aller encore plus loin tant que nos concurrents étrangers ne seront pas soumis à des règles comparables », fait valoir un banquier de la place.De fait, malgré l'unité de principe affichée en avril lors du G20 de Londres, les progrès réalisés varient fortement d'un pays à l'autre (lire ci-dessous). Les banquiers français ont ainsi le sentiment de ne plus lutter à armes égales. « Notre code est entièrement contraignant, alors que celui adopté mi-août par le régulateur britannique se limite à des recommandations pour les aspects concrets », déplore un représentant de la place de Paris. Sans compter que son champ est plus large, puisqu'il concerne tous les professionnels dont la performance et la rémunération sont liées à des instruments de marché, alors que le texte britannique se limite à 26 banques. Et sur le terrain, les établissements français commencent à sentir la pression de concurrents étrangers prêts à offrir des conditions très avantageuses, comme des bonus garantis sur plusieurs années, afin de débaucher leurs meilleurs éléments.Prise entre deux feux, la place de Paris appelle à une véritable convergence internationale, au moins au niveau européen. Une avancée qui permettrait de placer les États-Unis face à leurs responsabilités lors du prochain G20, dans un mois. « Pittsburgh sera la dernière station avant l'autoroute, prévient un lobbyiste français. Si l'on rate cette occasion de brider les moteurs, tout le monde se remettra à rouler à 180. » Benjamin jullie
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