Le yen fait la course avec le dollar

Nouveaux riches contre nouveaux pauvres : la roue monétaire a tourné. Deux groupes de monnaies se distinguent parmi les cinq piliers du système monétaire international. D'un côté, le dollar, le yen et le franc suisse qui font cause commune. Leur violent rebond entraîne les deux autres, l'euro et la livre sterling, en enfer. Hier, alors que le dollar se hissait à un nouveau point haut de deux ans face à la monnaie unique, à 1,2730, le yen touchait un plafond de six ans à 123,45 pour 1 euro, portant à plus de 10 % sa hausse en quatre séances. Le même billet vert enfonçait la monnaie de Sa Majesté à un plancher de cinq ans : après avoir poussé une pointe à plus de 2,10 dollars l'an dernier à pareille époque, la livre ne valait plus hier que 1,6040 au plus bas dans les transactions.Le franc suisse, pour sa part, poussait l'euro dans ses retranchements, en se propulsant à son meilleur cours depuis cinq ans à 1,4850. Dans le peloton de tête, le yen a un léger avantage sur le dollar: à 96,50, la monnaie japonaise se retrouve à son plus haut niveau depuis sept mois vis-à-vis du billet vert. Ce redécoupage de la carte monétaire mondiale tient à l'extinction du sport international le plus en vogue depuis début 2007 : le " carry trade ". Assortis de faibles rendements, le yen, le dollar et le franc suisse, qui ne rapportent respectivement que 0,5 %, 1,5 % et 2,5 %, ont servi de vecteurs à ces stratégies de portage qui consistent à jouer sur les écarts de taux. Les spéculateurs les empruntaient sans vergogne pour les investir sur des actifs plus rémunérateurs.BULLE SUR LES MONNAIES A HAUTS RENDEMENTSL'aversion au risque a enterré ces pratiques juteuses mais dangereuses, faisant éclater la bulle sur les monnaies à hauts rendements. Dollars australien et néo-zélandais, real brésilien, pesos argentin et mexicain, won coréen, roupie indienne et autres forint hongrois sont tombés en déshérence.La modeste supériorité prise par le yen sur le dollar tient, elle, à une spécificité japonaise. Contrairement aux États-Unis, le pays du Soleil-Levant est un très gros pourvoyeur de capitaux internationaux, ce qui va de pair avec la situation " étincelante " de son commerce extérieur. Lorsque la demande mondiale de yens progresse, poussant ses cours à la hausse, les sorties de capitaux nippons se tarissent, provoquant un assèchement de la liquidité mondiale. C'est la raison pour laquelle les phases de redressement durable de la monnaie de l'Archipel correspondent à des périodes de turbulences boursières. L'année 2008 ne fait pas exception.
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