Les fonds devises attirent encore peu les investisseurs

Selon une étude triennale de la Banque des règlements internationaux, le marché des changes est de loin le plus important et le plus liquide. Il s'y traite quotidiennement 3.200 milliards de dollars. Avec la crise de liquidité des derniers mois, cette classe d'actifs a suscité beaucoup d'intérêt de la part des gérants. Si de grands noms de l'industrie, aussi bien américains qu'européens, y sont présents depuis quelques années, d'autres, comme Schroders, s'apprêtent à commercialiser leur premier fonds investi sur les devises. Pourtant, la performance délivrée par ces produits ces dernières années n'est pas au rendez-vous. Des études menées par BNY Mellon Asset Servicing montrent que les gérants ont délivré des rendements médians négatifs par rapport à leur indice de référence en 2008 (? 0,96 %), sur trois ans (? 0,35 %) et cinq ans (? 0,24 %). Ces performances s'expliquent en partie par un nombre croissant d'intervenants rendant cette classe d'actifs plus efficiente. Argument peu convaincant pour Sinopia qui avance plutôt l'idée d'une mauvaise prise en compte des risques liée aux devises. Comme de nombreuses classes d'actifs, les devises ont connu une forte volatilité l'an dernier. Par ailleurs, la stratégie de « carry-trade » (emprunter dans des devises à taux d'intérêt faible pour investir dans des monnaies à fort taux d'intérêt) a aussi subi un sérieux revers.Comme l'indiquent certaines études de cabinets de consultants, le change a encore peu séduit les investisseurs institutionnels. C'est ce qui ressort de la dernière enquête annuelle « European Asset Allocation Survey » de Mercer, menée auprès de plus de 1.000 fonds de pension et institutions de retraite gérant plus de 400 milliards de dollars. En effet, celle-ci montre que 5 % des fonds de pension anglais investissent 5 % de leurs encours sur les devises. C'est peu, mais c'est tout de même 50 % de plus qu'il y a un an, note l'étude. Pour le reste de l'Europe, la part allouée par 1 % des investisseurs se monte à 2 %.Pour Muriel Nahmias, directrice des études du cabinet de consultants bfinance, « cette classe d'actifs est censée délivrer une performance absolue », ce qui n'est pas le cas ces dernières années. De plus, « le change est spéculatif et risqué, précise-t-elle. bfinance le classe d'ailleurs en produit alternatif ». Dans la dernière enquête du consultant sur l'allocation d'actifs menée auprès de 60 grands fonds de pension, seuls 14 % envisagent d'être investis sur les devises d'ici trois ans. Loin derrière les infrastructures (46 %), les actions (37 %), les « commodities » (19 %), le « private equity » (30 %), mais devant l'investissement socialement responsable (10 %) et l'allocation tactique (10 %). Plus généralement, les institutionnels désirent renforcer leurs positions sur les classes d'actifs alternatives. Cela pourrait profiter aux monnaies d'autant que le « carry-trade » sur certaines devises retrouve de l'intérêt. T. S.
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