ArcelorMittal a perdu son état de grâce

Arcelor était la vedette du CAC 40 de 2007. Le titre s'était alors envolé de 73 %. Malheureusement pour les actionnaires du géant mondial de l'acier, 2008 aura effacé les plus-values potentielles. Car cette année, l'action caracole en tête des plus fortes baisses de l'indice parisien. Surtout, ArcelorMittal se paie 0,5 fois l'actif net attendu pour 2009. Il y a quelques années, en bas de cycle, Usinor se payait, lui aussi, sur de tels ratios. Mais c'était avant de fusionner avec le luxembourgeois Arbed et l'espagnol Aceralia en 2002. Les investisseurs n'auraient donc aucun mal à effacer sept ans d'histoire de mutation de l'industrie sidérurgique et à renier une stratégie qu'ils encensaient encore il y a peu??Mercredi, en tout cas, dans un entretien au journal luxembourgeois « Wort », le PDG du groupe Lakshmi Mittal s'est montré très clair?: « La stratégie d'intégration d'ArcelorMittal est toujours en place. Nous nous tenons à cela. » La stratégie dont il parle, c'est celle-là même qui a parfaitement fonctionné jusqu'à cet été. Et qui se base essentiellement sur deux piliers?: d'abord, l'intégration verticale pour devenir autosuffisant en minerai de fer et de coke, seule garantie contre le risque d'érosion des marges dans la sidérurgie?; ensuite, le renforcement de la production dans les pays à faible coût de main-d'?uvre pour améliorer la rentabilité.manque de visibilitéSur les marchés, ce n'est pas la stratégie qui est remise en cause. Si les investisseurs sont méfiants et si des analystes ont coupé leurs estimations d'excédent brut d'exploitation 2009 de 4 milliards de dollars, (de 17 à 13 milliards environ), c'est plutôt en raison de l'ampleur de la crise qui touche la sidérurgie et du manque de visibilité. Le secteur de l'acier est l'un des plus touchés par la dégradation de la conjoncture, avec une production mondiale en chute de 19 % en novembre, après un recul de 12 % en octobre. Pour la direction du groupe, la stabilisation des prix devrait intervenir d'ici à la fin de l'année.Lakshmi Mittal a estimé que l'industrie sidérurgique se trouve dans une situation bien meilleure que lors de la grande crise subie par le secteur dans les années 1970. « La consolidation s'est poursuivie et les aspects cycliques de l'activité ont diminué. Notre situation de départ pour faire face à cette crise est bien meilleure qu'elle ne l'était à l'époque », a-t-il déclaré. Sur les marchés, on craint que ces prévisions ne soient un peu trop optimistes. La semaine passée, JP Morgan a révisé sa recommandation sur le titre de « surpondérer » à « neutre », considérant que les catalyseurs de soutien des prix de l'acier devraient manquer après la fin des déstockages à la fin du premier semestre 2009.Quant à la dette, le niveau record atteint fin septembre à 32,5 milliards de dollars a également déstabilisé les investisseurs?: les cash-flows générés seront-ils suffisants pour assurer le service de la dette?? Aujourd'hui, l'analyse faite, les bureaux de recherche sont convaincus qu'en diminuant ses investissements industriels et son besoin en fonds de roulement, le groupe pouvait rembourser les 10 milliards de dollars prévus à fin 2009. Mais il a fallu qu'ArcelorMittal démontre que la réduction de la dette était une priorité absolue. À Paris, en tout cas, certains analystes ne s'attendent pas à ce que le titre dépasse les 25 euros à court terme. nles marchés craignent que les prévisions de Lakshmi Mittal sur le secteur ne soient un peu trop optimistes.
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