« Résistons à la culture mercantile »

Où en est le théâtre aujourd'hui??La crise est là, avec ses angoisses, ses peurs. Le théâtre, comme d'autres arts, est souvent porteur d'espoir. Il peut proposer des réponses à notre désarroi. Pour cela, il faut qu'il ait un projet. Malheureusement, ce n'est pas vraiment le cas en ce moment. Je parle du théâtre public qui est dans une situation de flottement. Les gens ont besoin de lieux de rassemblement de la pensée où ils puissent se regarder eux-mêmes, s'arrêter sur leurs ambitions, leurs espoirs. C'est la nécessité profonde du théâtre. Et elle permet de ramener le spectateur, le citoyen, vers la dignité humaine.Que faut-il faire??Mener un combat contre la paresse, la facilité, les fausses bonnes idées. Résister à la culture mercantile. L'enjeu c'est de garder l'appétit de créer. Mais ce combat ne se mène pas seul ; le spectateur a son rôle à jouer. Il faudrait établir un pacte entre les artistes et les spectateurs, parce qu'il y a un véritable besoin de théâtre. On en reçoit le témoignage à chaque spectacle. Certes, ce n'est pas un raz-de-marée, mais ça compte.Comment voyez-vous l'avenir??Tout est noyé dans une ambiance générale de consommation. J'ai une grande confiance dans le public parce que nous sommes faits chacun d'une véritable curiosité. Mais il ne faut pas en abuser. Quand le théâtre public allie ambition et plaisir, il remplit un besoin que les gens n'expriment pas forcément. Dès lors on est dans le désir réciproque. Le théâtre y tient une place prépondérante. Indispensable.Propos recueillis par J.-L. P.
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