Les labos indiens cherchent un nouveau souffle

Marché intérieur dynamique, coûts de production de trois à quatre fois inférieurs à l'Europe, compétences alimentées par de nombreux diplômés scientifiques? Les laboratoires indiens font figure de bons élèves au niveau mondial. Pour autant, les acteurs locaux, fabricants de génériques ou sous-traitants pour des occidentaux, auraient tort de se reposer sur leurs lauriers. Car le marché évolue. « L'Inde fournit 22 % du marché mondial des génériques en valeur. Mais les exigences des payeurs s'accroissent, notamment aux États-Unis. Les industriels vont devoir réaliser des économies d'échelle ou fusionner, à l'image de Ranbaxy avec le japonais Daiichi Sankyo l'an dernier », a expliqué le responsable scientifique d'Ipsen et administrateur de l'indien Dr Reddy's, Jacques-Pierre Moreau, lors d'une conférence organisée par les anciens élèves de l'Essec. Premier génériqueur national, Ranbaxy ne pointe pourtant qu'au 9e rang mondial loin derrière l'israélien Teva ou le suisse Sandoz.Autre piste pour les industriels : les médicaments brevetés, à plus forte valeur ajoutée. Plusieurs acteurs, à l'image du petit laboratoire Glenmark, négocient ce virage. « Mais cela a un coût que les seuls revenus des génériques ne permettront pas toujours de supporter », note Jacques-Pierre Moreau. De plus, les conditions nécessaires à l'innovation ne sont pas remplies : « À taille d'entreprise égale, les budgets de R&D des laboratoires indiens sont souvent dix fois inférieurs à ceux de leurs homologues européens », glisse un industriel. « Le pays est le troisième au monde en nombre de scientifiques mais la majorité des étudiants expatriés ne reviennent pas », complète Jacques-Pierre Moreau.Enfin l'Inde, où les brevets ne sont reconnus que depuis 1995, pèche encore en termes de propriété intellectuelle. Idem en matière de qualité. Malgré la centaine d'usines approuvée par les autorités de santé américaines (FDA) dans le pays, les États-Unis ont interdit à Ranbaxy d'exporter une trentaine de génériques outre-Atlantique en 2008. L'espoir est cependant permis : « D'ici à 2015, trois médicaments devraient être lancés en Inde en première mondiale », estime Dominique Perrot, de l'institut IMS Health. AUDREY TONNELIER
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