L'Insee s'oppose toujours à son « exil » à Metz

Le combat continue. Toujours aussi remontés, les agents de l'Insee ont à nouveau manifesté hier à Paris et dans les directions régionales pour contester le départ d'une partie de leurs effectifs à Metz d'ici à 2013 pour compenser la perte économique que représente notamment le départ du 2e régiment du génie l'année prochaine. Une conséquence de la refonte de la carte militaire.Ce départ, considéré par la plupart des statisticiens comme un exil forcé, ordonné par Matignon dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), serait selon eux commandé par Nicolas Sarkozy, en conflit plus ou moins larvé avec l'Insee. Notamment depuis son passage à Bercy en 2004. Celui qui était à l'époque ministre de l'Économie n'aurait pas accepté que l'Insee renâcle à lui communiquer par avance les résultats de ses enquêtes.« Depuis, le président de la République remet régulièrement en cause la qualité de notre travail et notre indépendance », explique Sébastien Lichtenauer du comité de défense de la statistique publique. La dernière critique présidentielle date du 20 mars dernier au Conseil européen à l?issue de la présentation par l'Insee de ses nouvelles prévisions de croissance, plus sombres que celles de Bercy. « Les prévisions sont révisées maintenant de manière quasi hebdomadaire [?]. Je propose que l'on annonce une révision de la croissance très catastrophique et puis l'Insee révisera les siennes pour être bien sûr que l'on plonge un peu plus », avait déclaré Nicolas Sarkozy.Certes, dans le sillage du rapport rédigé en décembre par Jean-Philippe Cotis, le directeur général de l'Insee, et Jean-Pierre Duport, le vice-président du Conseil national de l'information statistique (CNIS), ce ne sont plus 1.000 statisticiens parisiens qui seraient transférés à Metz mais 500 issus à la fois de Paris, des directions régionales et des services statistiques ministériels (SSM) comme la Dares ou la Dres.risque d'échec« Ce n'est pas une satisfaction. La première partie du rapport Cotis-Duport démontre bien que ce déménagement ne va pas de soit, que les expériences passées montrent que de telles opérations sont sources de coûts élevés et débouchent souvent sur des échecs », estime Julie Herviant de l'intersyndicale. Des coûts qui s'élèveraient à environ 200 millions d'euros selon les calculs de l'Insee, dont 50 millions pour la construction du bâtiment devant abriter le prochain pôle national de la statistique publique. Pour quelle contrepartie ? « Personne n'est capable de chiffrer l'impact économique de ce déménagement. Seule une revitalisation de la région messine est avancée. C'est un peu court face à la menace de casse du système statistique public, au gâchis humain et financier. Il serait plus judicieux de renforcer les moyens humains et financiers de l'Insee pour compenser les 300 départs à la retraite prévus chaque année d'ici à 2013 et pour permettre à l'Institut de répondre aux besoins toujours croissants de statistiques », estime Gaël de Peretti du comité de défense. Fabien Piliu
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.