Jacques Marseille, professeur

Jacques Marseille aime les formules chocs. Et prendre ses interlocuteurs à contre-pied. Intervenant dans une conférence-débat animée par Pascal Boulard, journaliste à « La Tribune », et organisée voici quelques jours par Robert Roux, président du Forum de l'entreprise, et Éric Ciotti, député et président du conseil général des Alpes-Maritimes, sur le thème « La crise ? Place à l'imagination », l'historien économiste a pris un malin plaisir à expliquer que la tension économique actuelle n'a rien « d'exceptionnel », qu'elle « est au contraire d'une banalité à pleurer ». Devant un parterre de chefs d'entreprise et de managers de la Côte d'Azur, Jacques Marseille s'est référé à l'analyse des précédentes périodes de crise pour étayer sa thèse. Les crises, observe-t-il, surviennent invariablement par cycle de sept à huit ans, les signes précurseurs sont toujours les mêmes, et leur fin est signifiée par le rebond des marchés financiers. « Après la crise pétrolière de 1973, détaille-t-il, il y a eu celle de 1979-1980, puis celle de 1987, suivie par la crise du Golfe en 1993, puis par une nouvelle crise en 2001. Les causes sont toujours fondées sur l'amnésie et la cupidité. On oublie ce qui s'est passé précédemment. Et, dès qu'il y a hausse de la Bourse, des prix de l'immobilier et des rémunérations, il y a Krach. Pas besoin de dissertation du G20 pour savoir cela »?marché purgéQuant à la durée de la crise, Jacques Marseille fait preuve d'un optimisme à toute épreuve, tablant sur une reprise dès ce mois d'avril. « Nous sommes en train de sortir du tunnel, affirme-t-il, car, à partir du moment où le marché a fait sa purge, ça peut repartir. Le marché boursier a corrigé ses excès, les prix immobiliers ont baissé, les taux d'intérêt aussi, et les goinfres ont été sanctionnés. » Et l'historien économiste de déplorer la comparaison « absurde » faite avec la crise de 1929 : « Inutile de jouer à se faire peur et de créer des bulles dépressives. Cela a pour effet de bloquer la consommation, ce qui gêne en retour l'activité des entreprises. En France, il est très tendance d'être pessimiste. Ce qui nous manque, c'est la confiance en nous-mêmes. Comment, empêtrés dans des querelles idéologiques d'un autre âge, peut-on dire ?Yes we can? ? Les États-Unis, la Chine et l'Inde ont cette confiance et cette fierté d'eux-mêmes. Il y a un pays qui n'a aucune ambition, c'est l'Union européenne à 27. Les plans de relance sont davantage des plans de communication. En économie, c'est le projet collectif qui crée de la richesse. »Ses propos ont été soutenus par les entrepreneurs Patrick Leleu, président de Spir Communication, et Jean-Michel Hieaux, vice-président exécutif d'Euro RSCG C&O, invités de la conférence. « Il faut préparer le produit qui mènera l'entreprise pendant les dix prochaines années. La crise sert à cela », affirme le premier, alors que, pour le second, « il faut donner du sens à ses collaborateurs, leur proposer de construire ensemble un projet, donner un objectif clair, même à court terme ». Aux chefs d'entreprise qui se plaignent du manque de visibilité, Jacques Marseille a lancé : « C'est le bon moment pour se remettre en question. »Laurence Bottero, à Nice « Nous sommes en train de sortir du tunnel »?« Inutile de jouer à se faire peur et de créer des bulles dépressives. »
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