Avec la crise, la spéculation a mauvaise presse. On a même entendu çà et là des appels à sa suppression. Le cas actuel du pétrole est à cet égard instructif. En effet, alors que la demande mondiale d'or noir pour cette année ne cesse d'être révisée à la baisse mois après mois et devrait théoriquement faire chuter le cours du baril, c'est le contraire qui se passe : le prix sur le marché à terme de New York a rebondi de plus de 75 % depuis la mi-février pour tourner autour de 60 dollars. Un paradoxe qui s'explique par le sentiment qui domine sur le marché pétrolier. En effet, plus les échéances de livraisons des contrats cotés sont éloignées, plus les prix augmentent. Ainsi hier, en milieu de journée, le cours du baril pour une livraison en juillet cotait 60 dollars, pour janvier 2010, 65,36 dollars et, pour juin 2010, 67,53 dollars. Aussi, tout détenteur de barils a plutôt intérêt à stocker son pétrole puisqu'il pourra en retirer un meilleur prix à l'avenir. Ainsi, voit-on des tankers loués dans ce but et flottant sur les océans. Cela a pour conséquence de réduire l'offre mise en ce moment sur le marché, et de faire monter les prix. Mais pourquoi en est-il ainsi ? La crise financière et sa propagation à la sphère économique ont eu pour effet de freiner considérablement les projets d'investissements dans la recherche, l'extraction et l'exploitation des gisements pétroliers. La baisse des cours a par ailleurs réduit la rentabilité de l'exploitation du brut non conventionnel (sables bitumineux, eaux profondes, etc.). Cette contraction risque d'être préjudiciable pour l'avenir, c'est-à-dire lorsque la demande mondiale pétrolière s'élèvera à nouveau avec la reprise économique. Cela présage d'une nouvelle flambée des cours. Car comme on l'a constaté ces dernières années, il est plus rapide de brûler le pétrole que de l'extraire du sous-sol. Et c'est précisément le rôle des marchés à terme que de pouvoir fournir ce type d'information en indiquant de quoi demain sera fait. nPar Robert Jules, journaliste à «?La Tribune?»

latribune.fr

09 Juin 2009, 1:41

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