God Save cantona the King

cinémaIl est rentré bredouille de Cannes. Et pourtant ! Ken Loach, palme d'or 2006 pour « Le vent se lève », y avait soumis au jury l'un des films les plus drôles de la sélection. Mieux encore, il réussit une fois de plus avec « Looking for Eric » l'exploit de se renouveler tout en continuant de creuser le même sillon depuis plus de quarante ans.Dans sa ligne de mire aujourd'hui : les fans de foot. À l'instar d'Eric Bishop (Steve Evets), postier de Manchester abîmé par l'existence. Sa fille aînée a fait sa vie avec le sentiment de ne pas vraiment pouvoir compter sur lui. Les deux adolescents de sa dernière femme (partie depuis longtemps) vivent sous son toit de divers trafics, faisant comme s'il n'existait pas, avant d'être embarqués dans une dangereuse affaire de flingue. Et sa vie amoureuse est un désert. amitié, solidarité...Seuls ses collègues se préoccupent encore de lui. Sans toutefois parvenir à lui redonner le goût de vivre. Jusqu'au soir où, tirant une bouffée sur son joint, notre homme convoque son idole, Éric Cantona, pour lui demander conseil. Et voit apparaître sous ses yeux, en chair et en os, « le plus grand joueur de Manchester United », prêt à l'aider à reprendre sa vie en main.Amitié, solidarité en milieu ouvrier? Ken Loach renoue ici avec ses thèmes de prédilection auxquels il ajoute sa passion pour le football avec un humour qu'on ne lui avait pas vu depuis longtemps, mais surtout une fantaisie pratiquement inédite au sein de sa filmographie.On sent le réalisateur jubiler de pouvoir intégrer Éric Cantona à son intrigue. Une jubilation d'autant plus communicative que ce dernier électrise l'écran dès qu'il apparaît à l'image, trouvant d'emblée le ton juste pour se moquer de son personnage public à coup de maximes telles que « la plus noble des vengeances, c'est de pardonner ». Ou de répliques en rapport avec les péripéties de sa carrière : « je ne me suis toujours pas remis de l'histoire des mouettes », assène-t-il à son protégé.Parallèlement, Ken Loach brosse, à travers le personnage d'Eric Bishop, le portrait magnifique d'un homme au bout du rouleau, qui peu à peu reprend confiance en lui. Notamment grâce à sa bande d'amis et collègues emmenée par le gros Meatballs (John Henshaw), jamais à cours de bouquins de psycho pour trouver une solution aux problèmes de ses copains. De quoi inspirer à Loach une scène finale aussi ébouriffante qu'inoubliable. n
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