La dette des sidérurgistes inquiète

ctionsLes groupes européens de sidérurgie n'ont pas les faveurs de Moody's. L'agence d'évaluation financière vient de publier une étude, dans laquelle elle indique avoir une « perspective négative » sur le secteur. Ce qui, dans le langage de Moody's, signifie que certains sidérurgistes pourraient voir leur note de solvabilité abaissée au cours des prochains mois. Un tel abaissement rendrait plus délicates les tractations entre les groupes de sidérurgie et leurs banquiers, dans le cadre de demandes de crédits supplémentaires.Si Moody's alerte sur la santé financière des sidérurgistes, c'est parce que nombre d'entre eux se sont lourdement endettés au cours des deux dernières années (voir infographie), afin de financer des acquisitions payées au prix fort. Or la crise économique, survenue à partir de l'automne 2008, a entraîné un effondrement de la demande mondiale d'acier. Celle-ci a chuté de 45 % environ au cours des cinq premiers mois de 2009 par rapport à la même époque de 2008, souligne Moody's. Il faut dire que les secteurs de l'automobile et de la construction, qui à eux seuls représentent 43 % de la consommation d'acier dans le monde, ont été particulièrement touchés par la récession.Résultat, les groupes de sidérurgie se retrouvent avec d'importants stocks d'acier sur les bras, dont ils doivent déprécier la valeur dans leurs comptes. À cela s'ajoutent des usines qui ne tournent plus qu'à 50 % de leurs capacités, et un prix de l'acier (pour la bobine laminée à chaud en Europe) divisé par deux en l'espace d'un an, à 400 euros par tonne métrique. Conséquence, bien des sidérurgistes ne sont plus en mesure de dégager une capacité d'autofinancement suffisante pour rembourser leurs dettes. À telle enseigne qu'un groupe comme ArcelorMittal a été contraint de négocier un allongement de la maturité de sa dette. Surtout que les programmes de cessions, censés alléger les bilans des sidérurgistes, marquent le pas, aucun groupe n'ayant les coudées assez franches pour racheter les actifs de ses concurrents.Les finances du secteur ne semblent pas près de se redresser, malgré les programmes de réduction de coûts mis en place. En effet, la sidérurgie est une industrie étroitement corrélée à la croissance économique, laquelle ne donne que de très timides et incertains signes de reprise. Ironie du sort, le caractère cyclique des sidérurgistes européens leur a permis de bondir de 38 % en Bourse depuis janvier, d'après l'indice sectoriel Bloomberg, les investisseurs ayant fait le pari d'un redressement rapide de la conjoncture. Christine Lejouxla valeur d'importants stocks doit être dépréciée.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.