la table du managerAprès l'Everland et sa chambre suspendue au milieu des étoiles, le palais de Tokyo nous refait le coup avec cette fois un restaurant éphémère spectaculaire pour déjeuner et dîner à 12 personnes. Nomiya, c'est au Japon un minuscule restaurant ne pouvant justement pas accueillir plus d'une douzaine de convives.À la tête du projet, un mécène et deux artistes : Electrolux a brillement réuni Laurent Grasso, artiste contemporain, qui a conçu une capsule spatiale époustouflante de verre, de Corian et de métal qui banalise presque la vue du Jules Verne d'en face, et Gilles Stassart, directeur culinaire plus que chef, précédemment créateur du Transversal, le restaurant du Mac/Val.Il réalise deux fois par jour une création unique et complète, une performance en 5 plats, pas vraiment des recettes car elles n'auront pas été testées ou améliorées en amont. Plutôt une improvisation originale où le plaisir du créateur de transformer la matière comestible et la rapprocher des arts plastiques n'a pas de limites : estomacs sensibles s'abstenir !Pour démarrer ce soir-là, une soupe froide d'épinards avec de la framboise gelée et un tout petit morceau de sole, c'est très beau mais pas très gourmand à l'exception de l'effet acidulé de la framboise sur l'amertume des épinards. Dans la même veine suit le lieu jaune cru au concombre, framboise et yaourt, intéressant mais légèrement hostile, comme ce bourguignon au chocolat avec sa purée de courgette et banane ; l'idée de forcer la dose du carré de chocolat de nos grand-mères dans le bourguignon n'étant pas convaincante.Plus de douceur et de gourmandise pour finir, avec un mélange roquefort-coulis de fraises assez réussi puis un dessert qui mélange de l'artichaut à la badiane, de la pêche de vigne et de la gelée de groseille. La réconciliation de la création et du plaisir n'est pas loin, le happening artistique s'éloigne. Le triptyque palais de Tokyo-création de Grasso-cuisine de Stassart est finalement très cohérent dans sa créativité car les nourritures nous bousculent autant que le lieu, les repas étant fidèles dans l'esprit aux installations des artistes du musée.À réserver dès la rentrée pour y réunir son comité de direction ou plus simplement son équipe, à l'aplomb de la ville, entre vernis culturel et version gastronomique du saut à l'élastique.Sébastien [email protected] « Nomyia Art Home », 13, avenue du Président-Wilson, 75016 Paris.www.art-home-electrolux.com (réservation sur Internet uniquement, 60 à 80 euros par personne).

latribune.fr

10 Août 2009, 1:43

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