L'Écureuil perd encore la bataille de la gouvernance

L'histoire se répète pour les Caisses d'Épargne. Deux ans après avoir perdu la présidence de Natixis, elles n'ont pas réussi à s'imposer à la tête d'un des organes du futur groupe issu de la fusion avec les Banques Populaires. En 2006, déjà, le président de l'Écureuil, Charles Milhaud, avait dû se résoudre à prendre « seulement » la présidence du conseil de surveillance de Natixis. C'est le président des Banques Populaires, Philippe Dupont, qui était alors devenu président du directoire de Natixis, la filiale que les deux mutualistes venaient de créer. À l'époque, Charles Milhaud avait dû man?uvrer. D'un côté, il devait négocier le prix de sortie de la Caisse des dépôts de son capital (35 %). De l'autre, les Banques Populaires le pressaient de se libérer du joug de la Caisse, sous peine d'abandonner leur projet commun. Ce rapport de force, défavorable aux Caisses d'Épargne, les avait contraints à laisser Philippe Dupont devenir président de Natixis. Pour résoudre cette équation, ils avaient dû débourser 7 milliards pour rétribuer la sortie de la Caisse des dépôts de son capital. Cela avait obligé à survaloriser Natixis lors de son introduction en Bourse pour payer la Caisse. Ces survaleurs provoquent un effet boomerang sur la solvabilité de l'Écureuil qui l'a pénalisé dans son rapport de force face aux Banques Populaires dans leur fusion. Avec 2 milliards d'euros de pertes en 2008, les Caisses d'Épargne n'avaient pas de marge de man?uvre pour viser la direction du nouveau groupe. Un handicap qu'elles auraient pu éviter si elles n'avaient pas sacrifié leur chef de file, Charles Milhaud, à l'automne. Leur président a toutefois réussi à empêcher le patron des Banques Populaires d'en devenir le dirigeant opérationnel en jouant la carte d'une intervention de l'État et d'un « Tout sauf Dupont » à la présidence du directoire. Si les Caisses d'Épargne ont cette fois tout perdu, elles ont empêché leur adversaire de tout gagner. Matthieu Pechberty
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