Le groupe Borletti candidat au rachat de Christian Lacroix

Le sauveur de Christian Lacroix ne sera peut-être pas celui attendu. Une nouvelle offre a été déposée hier matin, date limite de dépôt des candidatures, par le groupe Borletti. Ce fonds d'investissement, dirigé par le riche héritier italien de 42 ans Maurizio Borletti, s'est déjà illustré en France par de nombreuses prises de participations. Après dix ans passés à tenter de redresser l'entreprise d'arts de la table Christofle, entre 1993 et 2004, Maurizio Borletti, par ailleurs président du conseil d'administration du grand magasin italien Rinascente (dont il détient 4 %), s'est ensuite associé à la Deutsche Bank pour racheter en 2006 les 17 magasins Printemps au groupe de luxe PPR pour 1,1 milliard d'euros.Contacté récemment par la banque Rothschild ? qui conseillait PPR il y a trois ans ? Maurizio Borletti propose aujourd'hui de s'associer à Christian Lacroix lui-même pour, ensemble, redresser la maison de couture. Les deux hommes se connaissent depuis 1995 lorsque Christian Lacroix a réalisé une ligne d'art de la table pour Christofle. Leur plan, qui comprendrait la reprise d'une petite moitié des 125 salariés de la maison de couture, est jugé « sérieux » par l'administrateur judiciaire en charge du dossier, Régis Valliot. Car, juge-t-il, il est « appuyé sur des moyens et une vraie stratégie ». « Nous voulons revenir aux origines de la maison pour en faire une marque de très haut luxe mais rentable à la façon d'un Armani Priv頻, confie un proche du dossier.Jusqu'ici, tout le monde pariait sur une reprise par le groupe Bernard Krief Consulting dirigé par Louis Petiet, qui vient de reprendre le groupe automobile Heuliez début juillet, après le leader de la broderie DMC en décembre 2008. Interrogé par « La Tribune », lui aussi veut « garder le positionnement artisanal de très haut luxe ». Il serait même prêt à présenter une offre commune avec Maurizio Borletti. « Nous sommes en contact », lâche-t-il.Décision en septembreTout dépend désormais de la troisième offre, celle du plan de continuation présentée par le groupe américain Falic. L'actionnaire actuel de la maison de couture est son principal créancier, supportant à lui seul 28 des 40 millions d'euros de dettes. Ce plan de redressement prévoit la suppression de 112 des 125 emplois et un paiement des créances, notamment les 12 millions dus à des tiers, grâce aux profits dégagés par les licences Christian Lacroix. Mais le couturier ne ferait pas partie de l'aventure. « C'est un vrai plan de saccage de la maison », s'insurge-t-on du côté des repreneurs.Ce sera désormais au tribunal de commerce de Paris de trancher en septembre. Aux yeux de la loi, c'est le plan de continuation qui a la primauté sur ceux de cession. À moins que la casse sociale ne joue trop en sa défaveur. Selon l'administrateur judiciaire, toutes les offres devront maintenant être revues à la hausse car les trois présentées sont jugées toutes insuffisantes. Un mois de négociations serrées en perspective, donc. D'autant que les pouvoirs publics pourraient encore s'en mêler. Le ministre de l'industrie, Christian Estrosi, recevra dès demain Christian Lacroix à Bercy.
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