Le cacao en manque de jute

De 140 à 300 nairas : au Nigeria, le prix des toiles de jute indispensables à l'emballage des fèves de cacao a doublé en un an. Principalement produite en Inde et au Bangladesh, la toile de jute entre dans la fabrication des sacs permettant de transporter d'autres denrées, comme le sucre ou les grains. L'interdiction croissante des sacs en plastique crée une nouvelle demande qui tire les prix vers le haut des sacs en fibre naturelle. La demande frénétique de matières premières sur les deux dernières années de la part de l'Inde et de la Chine a également joué, d'autant que, en Inde, une loi datant de 1987 impose d'utiliser la toile de jute pour emballer également ciments et toutes sortes de grains. Ce texte pourrait d'ailleurs être prochainement amendé, ce qui calmerait les tensions sur les prix du jute. En attendant, la question de la toile de jute risque de gripper encore un peu la logistique déjà semée d'embûches du cacao. Au Nigeria, les fermiers semblent, en effet, attendre que le gouvernement accepte de subventionner les sacs, plutôt que de se voir imposer ce tarif par les négociants, pour livrer leurs fèves. Le quatrième pays producteur de cacao risque d'accentuer les tensions sur ce marché. La tonne a bondi à plus de 3.000 dollars cette semaine à Londres sur le Liffe, un plus-haut depuis juillet 2008, alors que le déficit de fèves attendu cette année se confirme. La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial, a en effet subi les attaques de champignons (« black pod ») qui ont endommagé les fèves, et les livraisons de cacao sont inférieures aux prévisions. La récolte devrait aussi être décevante en Indonésie cette année : les cacaoyers du numéro trois mondial du cacao ont manqué d'eau. Ainsi, même si la demande est légèrement en retrait cette année, comme l'indiquent les statistiques du broyage de fèves, en recul de 6,7 %, à 3,49 millions de tonnes, le déficit de cacao se creuse. Il devrait atteindre 73.000 tonnes d'ici à la fin septembre. Et tout porte à croire que les années suivantes seront pires, alors que les cacaoyers de l'Afrique de l'Ouest, qui produisent plus de la moitié du chocolat consommé dans le monde, atteignent l'âge de la retraite. Aline Robert
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