Chine : les émeutes sociales prennent de l'ampleur

Depuis plusieurs semaines, la presse chinoise ne cesse de relayer des informations sur de violentes et importantes émeutes ouvrières. Après Shenzhen, Canton et Dongguan, la ville de Zhongtang, elle aussi située dans la province du Guangdong, a été mardi le lieu d'affrontements entre forces de l'ordre et ouvriers. « Les émeutiers ont détruit un véhicule de police et quatre voitures de contrôle, se sont battus avec des gardes de sécurité, sont entrés dans les bureaux de l'usine, ont cassé des fenêtres et détruit de l'équipement », selon le communiqué de la municipalité. L'usine de jouets détenue par un Hong-kongais était en train de négocier des licenciements. La colère des travailleurs a porté sur le montant des compensations de licenciement. Jusqu'alors très officiellement calme, le sud de la Chine, synonyme de l'atelier du monde, serait aujourd'hui à feu et à sang. La faute, selon les officiels et médias chinois, à la crise économique mondiale, qui touche durement l'économie chinoise. Les pays occidentaux important moins de produits « Made in China », de nombreuses usines sont contraintes de mettre la clef sous la porte, rapportent les autorités locales. Comme l'a expliqué hier jeudi Zhang Ping, le ministre en charge de la toute-puissante Commission de développement national et de réforme, « si trop d'entreprises suspendent leurs opérations ou arrêtent leur production, cela résultera en un chômage de grande échelle et pourrait entraîner une instabilité sociale ». Propagande ou réalité?? Selon certains experts, cet alarmisme de mise de la part de Pékin pourrait faire partie d'une vaste campagne de désinformation gouvernementale. Car si les mouvements ouvriers violents semblent effectivement se multiplier, ils existaient déjà auparavant, sans pour autant être relayés par les médias nationaux. De plus, le manque de main-d'?uvre dans le Guangdong s'élevant encore à environ un million de travailleurs, les manifestations actuelles sont moins liées aux suppressions de postes qu'au non-paiement d'arriérés de salaires ou à la faiblesse des indemnités de licenciements, signe que le chômage n'est pas encore dans toutes les têtes. Enfin, la déclaration de Zhang Ping ressemble à s'y méprendre à celle faite la semaine dernière par le ministre de la Sécurité sociale. Pékin entend répandre l'argument d'une Chine non immunisée contre la crise, pour se décharger du rôle de sauveur que voudraient lui assigner ses partenaires commerciaux occidentaux.Néanmoins, la multiplication des émeutes et la crainte croissante du chômage affaiblissent assurément de jour en jour la légitimité du Parti communiste auprès de la population. Depuis l'arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping il y a trois décennies, celle-ci s'est en effet bâtie sur la répartition des fruits de la croissance économique. À chaque fois que le pouvoir d'achat des Chinois a reculé, le gouvernement a dû faire face à de larges mouvements populaires. Un scénario que veut éviter le président Hu Jintao, trop conscient qu'une une baisse de la croissance risquerait d'alimenter la contestation sociale.
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