Volkswagen explose les compteurs de la Bourse

Erasme avait bienraison de faire de Ploutos, le dieu de la richesse, le père de la Folie. L'incroyable histoire écrite par l'action Volkswagen (VW) en est une nouvelle illustration. Le titre du constructeur automobile a atteint en séance hier 1.005,01 euros. Un niveau qui le valorise alors à 295 milliards de dollars, et qui en a fait un instant devenir la première capitalisation du monde. Vendredi soir, à la clôture, il ne fallait que 210 euros pour une action VW. Évidemment, cette envolée n'a rien à voir avec un groupe automobile qui est, comme ses pairs, englué dans les difficultés d'un marché en déroute. Les analystes sont tous à la vente sur l'action et certains considèrent que Volkswagen ne vaut pas plus de 21 milliards d'euros, soit 70 euros par action. Ce mouvement est donc un pur phénomène de marché.Tout commence le 17 septembre?: l'action VW prend alors 100 euros en une journée. Personne ne comprend vraiment. D'autant que, le 6 octobre, l'action gagne encore 150 euros, soit 50 %, en séance, avant de les reperdre à la clôture. La semaine suivante, il reprend 33 %. L'hypothèse de rachat de ventes à découvert massives prend de l'ampleur. 13 % des actions VW seraient ainsi prêtées. Et on évoque déjà l'ombre de Porsche. Le groupe de Stuttgart détient alors 32 % de celui de Wolfsburg. Mais il a aussi des options. La rumeur veut alors que les banques qui ont vendu ces options aient prêté des titres à des fonds d'arbitrage, des hedge funds qui auraient à tort pariés sur la baisse raisonnable de l'action. La baisse ne venant pas, ils ont dû moyenner leurs pertes en achetant sur le marché. Pourtant, la semaine dernière, la bulle semble se dégonfler?: l'action VW perd 50 % en six séances. monstre financier C'est le moment que choisit Porsche pour annoncer ce qui va créer ce monstre financier qu'est devenu Volkswagen. Le groupe prétend jouer franc-jeu afin de « permettre » aux spéculateurs de liquider « sans hâte » leurs positions. Porsche annonce donc détenir désormais 42,6 % du capital de Volkswagen et 31,5 % sous forme d'options. De plus, le groupe affirme vouloir porter sa participation à 75 % en 2009 alors que jusqu'ici il prétendait ne vouloir détenir que la majorité. Pour les fonds qui ont joué à la baisse, cette annonce sonne le glas. En prenant en compte les 20,2 % détenus par le Land de Basse-Saxe, cela signifie que le capital disponible sur le marché est très limité et va encore se raréfier. Il faut donc acheter vite. Et à n'importe quel prix. Lundi, c'est donc la flambée. D'autant que l'action Volkswagen mène désormais le DAX, l'indice vedette allemand (lire ci-dessous). Tous les gérants ont dû suivre et donc chercher à acheter du Volkswagen pour ne pas se faire distancer par l'indice. La rareté entraîne la rareté et la hausse entraîne la hausse. C'est ce cercle qui a amené la firme de Wolfsburg hier au sommet des capitalisations boursières de la planète. La facture risque d'être salée pour les hedge funds et pour beaucoup de gérants. Mais à qui profite le crime ? Progressivement, les regards se tournent vers Porsche. Et les questions se multiplient. Pourquoi avoir choisi le moment où l'action reculait pour faire cette annonce ? Pourquoi ne pas dévoiler le prix et les conditions d'exercice de ces options ? Hier, le fonds DWS dans le « Financial Times Deutschland » jugeait « inconcevable la façon dont Porsche a manipulé le cours de VW ». maître à bord La rumeur se répand que Porsche pourrait empocher la différence entre le prix d'exercice de ses options et le cours effectif de l'action au moment où il décide de les faire jouer. Et que, avec cette hausse, il pourrait ainsi devenir le maître à bord chez Volkswagen à très bon compte. Dans ce cas, les banques figureront aussi parmi les victimes de l'affaire. Hier, ces spéculations pesaient fortement sur le cours des valeurs financières. Porsche a récusé hier toutes ces accusations, estimant que les responsables étaient ceux qui avaient « misé des sommes géantes sur la baisse du titre ». Quant à la BaFin, le régulateur du marché allemand, elle « analysait » les évolutions du cours VW, mais précisait qu'aucune enquête formelle n'avait été ouverte, ajoutant qu'il n'existe pas d'obligation de transparence sur le type d'options détenues par Porsche. 10 milliards d'euros ce serait le montant des pertes des hedge funds suite au débouclage des positions sur Volkswagen.
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