La France teste le seuil de tolérance des pays d'Océanie

cifiqueRegrettable, décevant » : Paris a jeté le trouble dans les pays du Pacifique, alors que s'ouvre aujourd'hui à Nouméa le sommet France-Océanie. Après avoir laissé entendre dans un premier temps que Nicolas Sarkozy participerait à ce rendez-vous, le troisième depuis sa création en 2003 par Jacques Chirac, le nom de François Fillon a ensuite été avancé pour le remplacer. Trois jours avant l'événement, auquel sont conviés les responsables d'une douzaine d'États du Pacifique, dont l'Australie et la Nouvelle-Zélande, la France a finalement annoncé qu'elle sera représentée par son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et sa secrétaire d'État à l'outre-mer, Marie-Luce Penchard.Depuis, les pays invités revoient eux aussi leur participation à la baisse. Les questions abordées ne manquent pourtant pas d'intérêt : défense, aide au développement ou environnement.Passif douloureuxAutre conséquence des revirements diplomatiques français, la participation de Nicolas Sarkozy au Forum des îles du Pacifique (FIP), prévue à Cairns (Australie) du 4 au 7 août, est annulée. « Ce devait être la première visite d'un chef d'État français en Australie? », souligne, éberlué, Nic Maclellan, chercheur et auteur de « La France dans le Pacifique » (éd. La Découverte).Le souvenir des tensions avec Paris est encore vive dans les mémoires des pays de cette région où la France a une carte à jouer, car « elle est le seul pays de l'Union européenne positionnée dans le Pacifique », souligne Eugène Berg, ancien ambassadeur de France aux Fidji. En 1995, Paris effectua une série de six essais nucléaires à Mururoa et Fangataufa, provoquant la colère dans toute la région. L'image de l'Hexagone avait déjà été affectée par l'opération contre le « Rainbow Warrior », le bateau de Greenpeace, qui s'était soldé par la mort d'un photographe.Lors du deuxième sommet France-Océanie, en 2006, le réchauffement des liens semblait s'engager. Un Fonds français d'aide au développement pour le Pacifique a été mis sur pied, d'un montant de 2 millions d'euros par an. De son côté, Bruxelles gère un Fonds européen, qui doit prodiguer 369 millions d'euros d'aide entre 2008 et 2013, explique Nic Maclellan. De plus, « la France participe avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande à la mission Franz, qui assure le secours des îles, souvent atteintes par des ouragans et des cyclones, et la surveillance de la pêche », rappelle Eugène Berg. Bref, « ces sommets sont un symbole », témoigne Nic Maclellan. Un symbole aujourd'hui malmené.
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