Dix ans d'euro n'ont pas mis fin à l'hégémonie du dollar

Petit florilège de titres de la presse française et internationale dans les mois ayant précédé la naissance de l'euro : « méfie-toi, dollar » (« Financial Times ») ; « la monnaie américaine a une rivale » (« International Herald Tribune) » ; « la naissance d'une devise européenne unique met en cause l'hégémonie du dollar » (« Le Monde ») ; « l'euro challenger du dollar » (« Les Échos ») ; « le dollar détrôn頻 (« le Nouvel Observateur ») ; « l'euro tiendra bientôt tête au dollar » (« La Tribune »). La presse, dans un bel ensemble, s'enthousiasmait de cette révolution monétaire, mais elle avait mis la charrue avant les b?ufs. Car, dix ans après le lancement de l'euro financier, l'hégémonie du dollar n'est toujours pas contestée.loin du jeu égalCertes, le rôle international de la monnaie unique européenne s'est accru, sa part dans les réserves de change globales a augmenté et son rôle sur le marché international des capitaux s'est renforcé. Il y a même désormais davantage d'euros en circulation dans le monde que de dollars. Mais les deux protagonistes du couple euro-dollar sont loin de faire jeu égal. Sur les quatre attributs d'une monnaie de référence internationale, l'euro n'a pris ses marques que comme monnaie d'emprunt, se partageant, à parts quasiment égales, le marché des émissions obligataires internationales avec le dollar depuis son année de naissance. Dans les trois autres segments ? transactions, facturation et réserve ?, l'euro reste un nain qui n'a jamais menacé de battre en brèche la domination du billet vert. Et même si sa part dans les réserves de change des banques centrales est passée de 19,7 % lors du lancement de l'euro fiduciaire en 2002 à 25,8 %, il représente toujours moins dans ces trésors de guerre que les monnaies qui, en 1999, ont contribué à la composition de l'euro. Le dollar, lui, se taille encore plus de 65 % du gâteau.Le rôle du « non »Il y a une raison évidente à cet insuccès. Les revers successifs de la marche vers l'union économique et politique de l'Europe, les « non » français et néerlandais au projet de Constitution européenne en 2005, puis celui de l'Irlande en juin dernier, ont fait prendre conscience aux partenaires de l'Europe que la zone euro restait une construction uniquement fondée sur la monnaie. Alors que le dollar, monnaie solidement ancrée dans l'histoire, était celle de la première puissance économique mondiale.rêves tenacesNéanmoins, les rêves des premières heures sont toujours tenaces. Un sondage réalisé par l'institut Harris et publié lundi dernier dans le « Financial Times », le quotidien des milieux d'affaires britanniques, révèle qu'une vaste majorité des citoyens d'Europe continentale estiment que l'euro aura détrôné le dollar à l'échéance de 2014, pour occuper une place prépondérante dans la finance mondiale. 70 % des Espagnols, 66 % des Français, 62 % des Italiens et 58 % des Allemands en sont persuadés. Les Américains eux-mêmes s'inclinent devant la puissance grandissante de l'euro. Selon cette enquête, 48 % d'entre eux partagent le même diagnostic que les Européens. I. C.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.