Transparence

Le consommateur sera sans doute le dernier à s'en plaindre. Reste que la guerre de tranchées à laquelle se livrent les banques françaises en matière de crédit est irrationnelle à plus d'un titre. Déclenchée depuis trois ans, la bataille a observé une très nette évolution. Engagée à l'époque par des établissements qui battaient de l'aile, à l'image du Comptoir des Entrepreneurs, ou désirant faire une entrée éclair sur le marché, l'offensive aujourd'hui est clairement menée par les banques les mieux portantes, Société Générale, BNP, Crédit Agricole et Crédit Mutuel en tête. Le signe que les comportements, assimilés à l'époque à des opérations de survie, ont fait place aujourd'hui à des stratégies pleinement assumées de défense au coup pour coup et de gains de parts de marché. N'en déplaise au gouverneur de la Banque de France, dont les recommandations en matière de vente à perte se trouvent allégrement piétinées chaque jour. Sans doute, ne manquent pas de souligner certains professionnels, la Commission bancaire trouve le moyen de se donner bonne conscience en rappelant à l'ordre régulièrement la profession. De quoi faire savoir haut et fort qu'on ne peut l'accuser de négligence dans sa mission de surveillance du secteur financier. Et partant, de faire oublier ses carences de ces dernières années en matière de contrôle des risques, en particulier sur l'immobilier, dont la facture totale a été sans commune mesure avec le coût actuel du dumping. En attendant, si ces mêmes banques bien portantes acceptent de distribuer des crédits à des conditions qui réduisent à leur plus simple expression leurs marges, c'est qu'elles savent - leurs dirigeants les premiers - qu'elles peuvent faire mieux que récupérer ailleurs ce manque à gagner. Ce qui, in fine, n'est peut-être pas non plus le plus souhaitable pour le consommateur au regard de la notion de juste prix et de transparence en matière de facturation des autres services bancaires. Resterait à savoir, en l'absence de toute initiative coordonnée ou contrainte de retour à des conditions plus saines de gestion, comment le secteur financier pourrait sortir de cette situation. Parmi les moyens évoqués, il en est un, extérieur - à savoir la mise en place de l'euro -, qui devrait oeuvrer pour une remise en ordre du paysage. Cette échéance suppose en effet que les banques françaises aient arrêté un position claire sur la nécessité de rémunérer les dépôts. Difficile d'imaginer que cette échéance ne puisse se mettre en place sans avoir donné lieu auparavant à une remise à plat de grande ampleur du système actuel des coûts du crédit et des services. Philippe Reclus
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