La désaffection des lecteurs menace plusieurs titres

L'arrêt annoncé d'InfoMatin assombrit un peu plus les perspectives d'avenir de la presse quotidienne nationale. Sans spéculer sur le devenir des autres titres en difficulté, comme France-Soir ou Libération, cette mort programmée marque en tout cas d'une manière violente les limites d'un marché français qui compte parmi les plus bas d'Europe. Ainsi, avec seulement 150 quotidiens vendus pour mille habitants, la France n'occupe que le treizième rang européen et la vingt-cinquième place mondiale. Hier soir, dès les intentions d'André Rousselet connues, les responsables du Monde, qui connaît lui aussi une situation tendue, étaient les premiers à manifester leur tristesse. Non tant parce que le titre contribue au plan de charge de l'imprimerie d'Ivry (voir plus haut), mais surtout parce qu'il a drainé quelque 50.000 à 70.000 nouveaux lecteurs dont la curiosité matinale risque peu de se reporter sur la concurrence. Tous les regards sont maintenant tournés vers France-Soir, dont le PDG, Yves de Chaisemartin, a menacé à plusieurs reprises de fermer les portes. Hier, à l'occasion de la présentation de ses voeux au personnel, l'homme de confiance de Robert Hersant a annoncé qu'il prendrait une décision au cours des prochains mois. Tout en restant vague, il a précisé qu'il prendrait des mesures conomiques afin d'assurer la pérennité du titre. C'est-à-dire une réduction des coûts qui passera par une baisse des effectifs. Tout dépendra de l'issue des négociations avec le Livre-CGT. Aujourd'hui, France-Soir emploie 250 salariés dont 90 journalistes. Quant à la diffusion, elle amorcerait un léger frémissement avec environ 190.000 exemplaires en 1995. Les pertes, elles, sont estimées à 120 millions de francs par an. Dans un premier temps, il serait indispensable de les réduire à quelque 50 millions. La décision d'assurer la survie du titre ou de le faire disparaître est indissociable du sort du groupe Hersant, et bien sûr de celui du Figaro. Elle conditionne aussi le devenir de l'ensemble de la presse quotidienne nationale. Sont liés au devenir de France-Soir (quotidien du soir comme son nom l'indique), des problèmes de distribution et d'imprimerie qui, dans le cas d'une disparition du titre, pourrait pousser Le Monde à changer son heure de parution Libération, pour sa part, pourrait sortir de l'impasse financière. C'est le 8 janvier que Chargeurs, support financier historique du quotidien, devrait souscrire à une augmentation de capital de 70 millions de francs et prendre de fait le contrôle du titre. Thierry Del Jésus
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