« InfoMatin » veut vivre « avec ou sans Rousselet »

Le Père Noël est une ordure »: ce titre implicite et rageur en page économie du journal était sans doute hier le seul témoignage du choc ressenti par la rédaction d'InfoMatin au lendemain de l'annonce de l'arrêt du titre par son propriétaire André Rousselet. Sonnés, les salariés d'InfoMatin avaient en effet à coeur d'offrir un journal « comme les autres » aux 70.000 lecteurs qui lui sont restés fidèles. Ces derniers seront informés aujourd'hui de l'absence de leur journal des kiosques à partir du 9 janvier, par un billet du rédacteur en chef Marc Jézégabel. Une équipe combative En attendant un ultime numéro à paraître lundi, tous les journalistes se disaient prêts jeudi « à continuer avec ou sans André Rousselet ». Mais aucun d'entre eux ne mise désormais sur un revire- ment de celui qu'ils appellent « le vieil homme en colère ». Ce matin, l'intéressé devrait faire avaliser par le conseil d'administration de la Sodepresse (la société éditrice du quotidien), sa décision de privilégier une cessation d'activité sur un dépôt de bilan souhaité par certains salariés dans l'espoir de trouver un repreneur. Cet après-midi, il en informera le comité d'entreprise d'InfoMatin avec un ordre du jour sans appel : « cessation de parution ». Hier, la rédaction se préparait à cette échéance, entre AG, visites des confrères, caméras de télévision curieuses et papiers à boucler pour l'avant-dernier numéro d'« InfoMatin période Rousselet ». Les élus SNJ et CFDT, qui ont rencontré des avocats, se montrent combatifs : « Nous allons demander la convocation urgente d'une réunion de conciliation au Syndicat de la presse parisienne et à la Fédération nationale de la presse pour obtenir la poursuite de la parution en attendant de trouver une éventuelle solution de continuation », déclarait hier Philippe Haumont du SNJ (Syndicat national des journalistes). Continuer sans André Rous- selet ? Le PDG d'InfoMatin affirmait mercredi « chercher un repreneur ». De fait, Alain Ayache confirmait hier avoir été contacté sans pour autant manifester un grand enthousiasme « pour un quotidien imprimé aux conditions du Livre CGT ». De son côté, la direction du groupe Havas démentait « tout intérêt pour le dossier ». Pour un observateur, André Rousselet « peut fermer aujourd'hui sans déposer le bilan, en restant propriétaire de la marque pour vendre ou relan- cer le titre dans d'autres conditions plus tard ». Dans l'immédiat, le licenciement avec indemnités des 86 salariés lui coûterait 15 millions à 17 millions de francs. Peu de choses au regard des 160 millions de pertes qu'il aura supportées depuis mars 1994. Quoi qu'il advienne, les ponts semblent coupés entre André Rousselet et les journalistes d'InfoMatin. « Nous traiter de cloportes et de petits fonctionnaires comme il l'a fait parce que nous refusions de sacrifier trois semaines de congés payés, c'est indigne. Depuis deux ans, aucun d'entre nous n'a compté ses heures ni ses dimanches pour sortir ce journal vaille que vaille, pour 12.000 balles par mois. La vraie responsabilité est à recher- cher du côté de la méconnaissance du secteur de la presse dont a témoigné André Rousselet, même si on ne peut lui enlever un indé- niable courage financier », analysait hier un rédacteur. Ecoeuré, mais mobilisé. Jean-Christophe Féraud
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