Le groupe Tribune rachète la télévision Renaissance

La frénésie de regroupements s'intensifie dans l'audiovisuel américain à la suite de la réforme de la législation sur les télécommunications. Deux semaines après l'annonce du rachat de Infinity Broadcasting (radio) par Westinghouse, le groupe de presse Tribune a fait savoir qu'elle rachèterait la compagnie de télévision Renaissance Communications. Le groupe Tribune est surtout connu pour son écurie de journaux quotidiens, dont le vénérable Chicago Tribune, la « voix du midwest », grand journal régional, jadis isolationniste, aujourd'hui modérément conservateur, qui évolue dans une division située juste en dessous du New York Times, du Washington Post et du Los Angeles Times. Tribune versera 1,13 milliard de dollars pour acquérir Renaissance et ses six stations de télévision, un prix élevé au regard des bénéfices de sa proie (127 millions de dollars en 1995), mais un prix qui se justifie aux yeux de Tribune et des analystes par les opportunités créées par la loi de 1996 sur l'assouplissement de la réglementation des télécoms. La réforme a fait passer de 25 à 35 % des ménages le pourcentage de pénétration maximum qu'une compagnie peut atteindre sur le marché de la télévision. Si le rachat de Renaissance se passe comme prévu, Tribune contrôlera 33,4 % du marché, ce qui fera de lui le leader national devant le réseau CBS du groupe Westinghouse (32 %). Tribune contrôle dix stations de télévision A l'heure actuelle, le groupe Tribune contrôle dix stations de télévision parmi les plus importantes des Etats-Unis. Rien que cette année, il a dépensé 160,5 millions de dollars pour acheter de nouvelles stations, chaque acquisition contribuant à le rendre plus intéressant aux yeux des distributeurs d'émissions. Le groupe possède aussi plusieurs stations de radio, ainsi que l'équipe de base-ball des Chicago Cubs, un club plutôt médiocre qui fait rarement parler de lui, racheté en 1981 au fabricant de chewing-gums William Wrigley. Au fil de ses investissements, Tribune change de nature. Progressivement, l'audiovisuel - dans lequel le groupe investit depuis les années 1950 - prend le pas sur l'écrit. En 1995, l'édition (Chicago Tribune, Sun-Sentinel, The Orlando Sentinel, etc.) représentait 58,5 % du chiffre d'affaires et 62 % des bénéfices d'exploitation. La télévision et les spectacles (dont les Chicago Cubs) produisaient 37 % des revenus et des bénéfices, les produits éducatifs apportant le reste. Après l'acquisition de Renaissance, en revanche, Tribune tirera au moins 50 % des revenus d'exploitation de ses activités audiovisuelles. Cette diversification, que l'on retrouve dans d'autres groupes de presse (New York Times, Dow Jones, Washington Post) et qui tranche avec l'aspect purement presse écrite des groupes français, permet à des entreprises comme le Chicago Tribune de compenser la baisse des bénéfices des journaux et la hausse du prix du papier. Jean-Marie Macabrey à Washington
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