Granada relève son offre sur Forte

Le groupe britannique de communications et de loisirs Granada a répondu hier aux attentes de la City en améliorant de 500 millions de livres son offre publique d'achat sur Forte, lancée initialement le 22 novembre dernier. Cette nouvelle proposition, qualifiée de « finale » par le prédateur, valorise désormais le spécialiste de l'hôtellerie et de la restauration, qu'il convoite à 373,3 pence par action au lieu de 338,6 pence, soit 3,8 milliards de livres (environ 29,3 milliards de francs). Dans son document de présentation diffusé hier, Granada a également spécifié qu'il s'apprêtait, en cas de succès de l'opération, à céder l'hôtellerie de luxe de Forte, c'est-à-dire les établissements exploités sous les marques Exclusive (dont fait partie le George V à Paris) et Méridien. La chaîne française, rachetée par Forte au groupe Air France en 1994 pour 1,8 milliard de francs au terme d'une lutte serrée avec Accor, vit décidément une destinée bien mouvementée. Sans donner davantage de précisions, la direction générale de Granada affirme « rencontrer un vif intérêt pour ces actifs » de la part d'acquéreurs potentiels, et table sur des prix de vente « avantageux pour les actionnaires ». Gerry Robinson, le patron de Granada, a réitéré sa promesse d'améliorer de 100 millions de livres par an les profits de Forte qui passerait sous son contrôle, « sans tenir compte des coûts de restructuration » et en supposant réalisées les ventes d'Exclusive et de Méridien. Si le programme de cession d'actifs suit le cours prévu, Granada espère faire redescendre de 120 % à 70 % la proportion de ses dettes par rapport aux fonds propres d'ici à la fin du mois de septembre prochain, date de clôture de ses comptes annuels. La direction générale de Forte a immédiatement répliqué en affirmant que Granada serait contraint de céder pour « environ 2 milliards de livres d'actifs pour réaliser cet objectif », ce qui lui semble très difficile sans mettre en danger la substance même du groupe. Elle souligne également que Granada reste évasif sur l'origine des 100 millions de livres de profits additionnels. D'ailleurs, hier matin, sir Rocco Forte et son équipe de direction ont immédiatement rejeté la nouvelle proposition de Granada en déclarant qu'elle « continue à sous-évaluer le groupe [et qu'elle] prouve l'incapacité financière [de Granada] à payer le juste prix ». Des actionnaires courtisés Le 28 décembre dernier, Forte avait repris l'avantage sur son agresseur en annonçant la vente, pour un milliard de livres, de ses activités de restauration au géant de la bière et de la restauration collective Whitbread (sous réserve de l'échec de l'OPA), ainsi que le recentrage définitif du groupe sur l'hôtellerie de prestige, c'est-à-dire celle que Granada se propose de vendre. Motif : ce recentrage permettra de maximiser le retour sur investissement pour les actionnaires. Afin de bien enfoncer le clou, Forte a promis la semaine dernière (via son dernier argumentaire de défense) de consacrer 800 millions de livres au rachat de 20 % de ses actions, ce qui aura évidemment pour effet de doper les cours et d'augmenter les dividendes de 20 % par an au cours des trois prochaines années. De quoi faire réfléchir à deux fois les actionnaires de Forte tentés d'apporter leurs titres à Granada. En poussant le titre Forte de 2 % hier au Stock Exchange, les marchés ont d'ailleurs prouvés qu'ils continuent à croire dans la stratégie de défense de sir Rocco. Le titre Granada a perdu 1 %, à 633 pences. Michel Roland, à Londres
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