Le thermalisme a besoin de se diversifier s'il veut survivre. Depuis dix ans, le tarif des cures n'a pratiquement pas été revalorisé. Dans le même temps, le durcissement des normes sanitaires et l'augmentation de 37 % du Smic ont plombé les dépenses ", explique Emmanuel Henry, directeur de la compagnie thermale de Plombières-les-Bains (Vosges). Conséquence, nombre de stations perdent aujourd'hui de l'argent et cherchent des solutions pour sortir la tête de l'eau.Spécialisée dans le traitement des troubles digestifs et rhumatismaux, la station bimillénaire de Plombières-les-Bains a été rachetée en 2003 pour 3,3 millions d'euros par Élysée Vendôme, une société de placement et de gestion de patrimoine. Cette cession faisait suite à une gestion calamiteuse de la collectivité, via une SEM, puis une régie municipale qui avait abouti à la liquidation de la société de thermes en 2002. Depuis, Élysée Vendôme y a injecté 15 millions d'euros, pour rénover et agrandir le parc hôtelier, créant une trentaine d'emplois (150 salariés). Parallèlement, le centre de remise en forme Calodaé a été mieux rentabilisé avec des formules de soin plus qualitatives et à plus forte valeur ajoutée. Résultat, au cours des deux derniers exercices, Calodaé a augmenté son chiffre d'affaires de 20 %, malgré une baisse du nombre d'entrées. Mais tout cela n'a pas suffi.DIVERSIFICATION" La société - 6 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2007 - continue de perdre de l'argent. On table sur un retour à l'équilibre après 2009, quand le programme de restructuration sera totalement achevé ", précise Emmanuel Henry. Dans les deux ans, Élysée Vendôme va encore investir 5 millions d'euros en se concentrant cette fois sur le domaine thermal et le centre de remise en forme, dont la capacité d'accueil passerait de 170 à 700 places. Avec, en prime, des séjoursdiététiques personnalisés intégrant un suivi médical et des cours decuisine !Pour compenser la stagnation des tarifs dans un marché de la cure médicale en perte de vitesse, concurrencé par les séjours balnéo et les hôtels spa, les stations thermales n'ont d'autre choix que de se diversifier. Ici, elles investissent dans l'hôtellerie, là c'est dans la remise en forme. Le tout, en privilégiant des séjours courts à tarification libre et non remboursés. À Plombières, on a même mis en place des séjours couplés avec la station de sport d'hiver de La Bresse. Trois jours à la montagne, trois jours dans l'eau. " L'avenir est d'apporter des solutions au mal de dos, au surpoids, aux rhumatismes, à la lutte contre les addictions et ceci le plus en amont possible. Bref, en jouant à fond la carte de la prévention et du bien-être ", martèle Jeanne Melcion, directrice des thermes de Vittel.Le milieu thermal s'est donc mis à bouillonner. À Bains-les-Bains, ce sont 10 millions d'euros qui viennent d'être injectés par le leader du secteur en France, la Chaîne Thermale du Soleil. À Vittel, les thermes ont été rachetés au groupe Partouche par la ville. En déficit, l'établissement thermal joue sa survie. Le maire a justifié ce rachat par " une volonté de prendre en main le destin touristique de la ville ". L'objectif est de " travailler de concert avec le Club Med, en développant le secteur spa et le thermalisme ludique ".Quatre stations vosgiennes- Plombières-les-Bains. Reprise par Élysée Vendôme qui y a investi 15 millions d'euros depuis 2003, notamment pour rénover le parc hôtelier.- Vittel a racheté ses thermes au groupe Partouche. Une SEM, détenue par la ville à 85 %, va faire entrer, dans son capital, le groupe de casino Viking et le Crédit Agricole. D'ici à deux ans, la gestion sera confiée à une entreprise privée, via une délégation de service public.- Bains-les-Bains. Dix millions d'euros viennent d'être injectés par le leader du secteur en France, la Chaîne Thermale du Soleil.- Contrexéville. Propriété du groupe Partouche, les thermes sont déficitaires et continuent d'avoir pour leitmotiv que " trois semaines de cure restent toujours moins cher qu'un seul jour d'hospitalisation ".

latribune.fr

26 Sept 2008, 5:19

Partager :