Mercedes détrôné et Smart en sursis chez Daimler-Chrysler

Dieter Zetsche, l'homme providentiel qui a redressé Chrysler et doit maintenant sortir de l'ornière Daimler-Chrysler, va avoir une année chargée. Mercedes vient d'être officiellement détrônée par son grand rival BMW qui a annoncé hier à Detroit une hausse de 9,9 % de ses ventes en 2005 à 1,328 million d'unités, un niveau "record" supérieur encore aux attentes. La marque éponyme a vu ses ventes augmenter de 10,1 % à 1,126 million d'unités, tandis que celles de la petite Mini et des luxueuses Rolls-Royce ont atteint respectivement 200.400 (+ 8,7 %) et 796 unités. La veille, Mercedes Car Group (Mercedes-Benz, Maybach, Smart) avait admis une progression de ses ventes mondiales de 1,7 % à 1,22 million d'unités, dont 143.000 Smart. Une relégation que son nouveau président a bien l'intention d'inverser au plus vite. Pas étonnant qu'il n'exclue plus désormais de se débarrasser de Smart pour concentrer ses forces sur la marque à l'étoile.Priorité au redressement. Dans un entretien au Financial Times, Dieter Zetsche a reconnu avoir confié à la banque d'affaires Goldman Sachs le soin de passer au crible les offres reçues pour Smart, sa filiale en difficulté qui lui aurait déjà coûté plus de 3,5 milliard d'euros en sept ans d'existence. "Nous avons indiqué aux intéressés qu'ils devaient contacter Goldman Sachs", a-t- il déclaré, précisant toutefois que la priorité restait pour l'instant au redressement de sa filiale de petites voitures. Hier, devant quelques journalistes à Detroit, il est revenu quelque peu sur ses propos : "Rien n'a changé depuis ce que nous avons dit il y a neuf mois, à savoir que nous serions ouverts à des partenariats potentiels". Car la marque culte, contrairement à la Mini, n'est toujours pas un succès financier. L'an dernier, elle a lancé un plan de restructuration drastique qui doit permettre de réduire ses coûts fixes d'un tiers. 600 des 1.350 emplois du siège à Böblingen ont été rayés.La gamme a été concentrée sur deux modèles. Le roadster, complexe à monter, a été supprimé et le projet de 4x4 enterré. L'objectif de cette vaste cure d'amaigrissement, qui a entraîné 1,2 milliard de charges exceptionnelles en 2005, est un retour aux bénéfices sur l'exercice 2007. Un défi jugé utopique par les observateurs qui pensent que le fait d'avoir donné mandat à Goldman Sachs prouve que Dieter Zetsche est sceptique sur ses chances de succès.Concéder une dot. En décembre déjà, il a fait savoir qu'il n'attendrait pas jusqu'à 2007 pour voir si l'objectif fixé est atteint, mais qu'il contrôlerait l'évolution de sa filiale en permanence. Pas étonnant puisque, l'an prochain, Smart doit présenter la deuxième version de son modèle historique. Et il a repoussé au printemps sa décision pour le marché américain. Jusqu'à présent, Smart n'y est pas présent, faute d'avoir un modèle qui réponde aux spécifications américaines.Dans les milieux bancaires, on estime que seuls un fabricant chinois ou des fonds d'investissement pourraient être intéressés par la marque. Daimler toutefois pourrait être obligé, comme l'a fait Siemens en vendant ses mobiles à BenQ, de concéder une dot. Ce qui lui reviendrait moins cher qu'une fermeture. Du côté des syndicats, Patrice Wilhelm, délégué CGT, indique "rester très vigilant".Bénédicte de Peretti, à Munich, et A.-G. V.
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