Le GAN, en première ligne, demeure un casse-tête pour Bercy

La porte est désormais ouverte pour une privatisation du GAN et du CIC. En évoquant précisément le cas de l'assureur et de sa filiale, le Premier ministre a fait un constat d'urgence. Mais au-delà, aucune décision n'est encore prise. Bercy doit encore déterminer la forme et le périmètre d'une éventuelle privatisation, et n'exclut rien, sauf une offre publique de vente. La négociation avec Bruxelles conditionnera une bonne part des décisions à prendre. Comme le Crédit Lyonnais, le GAN devra consentir des compensations en regard des 2,8 milliards injectés en 1995 et des 20 milliards à venir (11 milliards de recapitalisation et 9 milliards de garantie sur les défaisances). Or, pour l'heure, l'assureur n'a pas fourni d'efforts significatifs, en dehors des cessions des filiales d'assurances canadienne et belge, et de la CTR, sa filiale de réassurance. Paris n'avait pas, pour le moment, prévu de priver le GAN du contrôle du CIC, et de le séparer de l'UIC et des défaisances. Bruxelles ne s'en contentera sûrement pas : la cession du CIC a été acceptée en contrepartie de la seule recapitalisation de 2,8 milliards, et l'isolement des risques immobiliers est plus un cadeau de l'Etat qu'un sacrifice de la part de l'assureur. La Commission devrait donc exiger de lui qu'il taille dans ses activités d'assurance, par exemple à l'étranger où il réalise 25 % de son chiffre d'affaires. « Ce serait vouloir le beurre et l'argent du beurre », s'inquiète-t-on à Bercy. Les discussions avec la Commission s'annoncent donc serrées. Il faudra pourtant les conclure rapidement, si possible avant la fin du mois, afin que le GAN puisse enfin arrêter ses comptes 1996. Dans cet imbroglio, le gouvernement a choisi d'arbitrer en fonction de l'intérêt national et du coût pour les contribuables. Le premier critère est celui sur lequel compte le président des AGF, Antoine Jeancourt-Galignani, intarissable sur le sens industriel d'une fusion avec le GAN. Elle éviterait le passage sous pavillon étranger du GAN, mais aussi des AGF dont le capital est insuffisamment verrouillé. Mais ce schéma GAN-AGF, qui passerait par un échange de titres, laisse entier le problème financier. Or, le coût sera le nerf de la guerre. De ce point de vue, l'édifice du plan Arthuis, élaboré au début de l'année, laisse peu de marge de manoeuvre. En effet, les cessions prévues du pôle assurance et du groupe bancaire doivent rembourser les financements intra-groupe mis en place pour les structures de défaisnces. Sans cela, « les besoins de liquidité du GAN sont bien supérieurs à ce qui est couvert par la recapitalisation prévue », aurait indiqué, selon une bonne source, Dominique Strauss-Kahn aux députés de la commission des Finances. Et, même au-delà, « il faudra injecter une dizaine de milliards de francs pour remettre l'organigramme du GAN en ligne. Car, aujourd'hui, les sociétés se tiennent les unes aux autres : c'est une mutuelle qui s'ignore », affirme un concurrent, par ailleurs acquéreur potentiel. Pendant ce temps, les actes de candidature se multiplient. Outre les AGF, il faut compter avec les marques d'intérêt, plus ou moins prononcées, données par Fortis, Allianz, Zürich, ou supposées, de la part d'ING ou AIG. Bertille Bayart
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