« La résistance reste forte dans les comités de rémunération »

« La Tribune ». - Que pensez-vous du rapport Viénot et de son application ? Bertrand Richard. - L'inconvénient du rapport Viénot est que, contrairement au rapport Cadbury, il ne prévoit pas de moyens de contrôle de sa mise en oeuvre. Néanmoins on peut constater qu'environ deux ters des sociétés cotées au CAC 40 font plus ou moins référence dans leur rapport annuel à ses recommandations et ont officiellement annoncé la mise en place de procédures pour faire évoluer leur conseil d'administration. Ce qui est un assez beau succès. Dans les faits, les ont-ils réellement mis en pratique ? Beaucoup ont constitué des comités d'audit et de rémunérations. Pour savoir s'ils fonctionnent vraiment, il faut voir qui les préside. Un comité d'audit n'a de réelle existence que si c'est un administrateur indépendant qui le préside, comme à la Lyonnaise des Eaux ou au Crédit Local de France, par exemple. Par ailleurs, il doit avoir les moyens de ses ambitions : se réunir au moins trois ou quatre fois par an et avoir un accès direct aux commissaires aux comptes et à la direction financière du groupe, comme chez Axa. Un comité de rémunération doit être un lieu où se discutent les rémunérations avant d'en référer au conseil d'administration, et non un lieu qui permet de sortir le débat des discussions du conseil. Mon impression générale est qu'il y a une réelle volonté de faire fonctionner les comités d'audit. C'est loin d'être le cas pour les comités de rémunérations. C'est culturel, la résistance reste très forte. Les cumulards des conseils d'administration ont-ils réduit le nombre de leurs mandats ? Aujourd'hui, le nombre de mandats d'administrateurs pour une seule et même personne reste anormalement élevé. Il varie de huit à treize maximum. C'est une charge de travail impossible pour un président qui, par ailleurs, doit diriger sa propre entreprise. Cinq mandats représentent un maximum. Peu de dirigeants ont néanmoins annoncé la réduction du nombre de leurs mandats. C'est pourtant le seul moyen pour les conseils de s'ouvrir à des membres extérieurs au monde très fermé des affaires en France. Beaucoup de dirigeants déclarent pourtant qu'il est très difficile de trouver de nouveaux administrateurs... C'est faux. Il suffit de le vouloir. Ils peuvent faire appel à des dirigeants d'entreprises plus petites qui auront l'expérience nécessaire ou à des personnes qui auront un oeil neuf, comme les scientifques siégeant au conseil d'Alcatel Alsthom. Les administrateurs étrangers sont aussi sous-représentés en France, contrairement aux autres pays. Notre cabinet ne réalise que 10 % de son chiffre d'affaires dans la recherche d'administrateurs indépendants pour des entreprises françaises, alors que cette activité représente 30 % de celui de nos filiales à l'étranger. Par manque de volonté, les chefs d'entreprise français ont du mal à sortir des schémas traditionnels de nomination par relations ou cooptation. Propos recueillis par Sophie Seroussi
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