La BNP et la Société Générale misent sur la carte à puce

Hier papier, aujourd'hui plastique, la monnaie sera demain de plus en plus électronique. « A la fin du siècle, jusqu'à 15 % du commerce de détail s'effectuera par le biais des réseaux électroniques », prédit Hans Van Der Velde, président de Visa Europe. D'autres vont jusqu'à parier que le chiffre d'affaires du commerce électronique dépassera les 35 milliards de francs en 2000 aux Etats-Unis et les 10 milliards rien qu'en France. Des chiffres qui ont de quoi inquiéter les grandes banques françaises qui n'entendent pas se laisser dépasser par l'essor fulgurant d'Internet, le nouveau vecteur du commerce électronique. Pas question, en effet, de laisser aux éditeurs américains de logiciels comme Microsoft, Netscape, Digicash et CyberCash le soin de créer et de gérer les porte-monnaie électroniques qu'utiliseront demain des millions de clients pour effectuer des achats sur le Web. Un savoir-faire en termes de sécurité et de fiabilité Les intermédiaires financiers, ce sont bien eux, clament haut et fort les banquiers français qui passent maintenant des paroles aux actes.Hier, la Banque Nationale de Paris (BNP) et la Société Générale - associées pour l'occasion à France Télécom, Gemplus et Visa International - ont annoncé la création d'un consortium destiné à promouvoir la sécurisation des transactions électroniques par carte bancaire sur le réseau Internet. Car le « plus » des banques réside bien là : dans leur savoir-faire en termes de sécurité, de confidentialité et de fiabilité. Autant d'éléments qui, faisant aujourd'hui défaut, freinent l'essor du commerce électronique. Paribas (via la Compagnie Bancaire) et le Crédit Lyonnais (via sa SSII Sligos) avaient déjà noué des partenariats avec des éditeurs de logiciels (GC Tech et CyberCash), la BNP et la Société Générale ont, elles, décidé de miser sur la carte à puce. Une expérience de dix-huit mois devrait permettre de tester la viabilité d'un projet qui permettra aux consommateurs français de régler leurs dépenses sur Internet, comme ils le font aujourd'hui dans le commerce par le biais de leur carte bancaire à puce (plusieurs milliers de particuliers et de commerçants seront équipés d'ordinateur muni d'un lecteur de cartes). Selon les premières idées des promoteurs de cette expérience, la carte à puce devrait avoir une double fonction. Elle pourrait servir à approvisionner un porte-monnaie électronique dans lequel puiseraient les utilisateurs pour régler de petits montants, et servir directement dans le cadre d'achats plus importants. Les intermédiaires bancaires toucheront une commission lors de chaque transaction importante et à l'occasion des approvisionnements du porte-monnaie virtuel. Dans l'esprit des banquiers, la généralisation de la monnaie électronique apparaît comme inéluctable. Tous savent cependant que la forme du porte-monnaie virtuel est encore loin d'être arrêtée. Si les géants des cartes de paiement (Visa, Mastercard...) ont décidé d'enterrer la hache de guerre et de concourir à l'élaboration d'un standard mondial, les éditeurs de logiciels et les banques rivalisent aujourd'hui pour imposer leurs propres solutions. Pour ces dernières le principal souci est avant tout de maintenir leur rôle d'intermédiaire entre clients et commerçants. « Nous sommes des industriels des modes de paiement, déclarait hier un responsable de la BNP, nous devons nous adapter. » Les banques centrales, qui redoutent de leur côté les risques inflationnistes liés à la création de monnaie électronique, tentent, elles aussi, d'élaborer une doctrine commune. David BARROUX
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