Polémique sur les liens Pinault-Lyonnais

Alors que fait rage la bataille judiciaire engagée par François Pinault contre le Consortium de Réalisation, une polémique s'installe autour des liens qu'il a tissés avec le Crédit Lyonnais. Ils se sont noués au début des années 90 par les engagements de la banque publique sur le groupe de François Pinault dont l'endettement avait atteint un montant vertigineux, le Lyonnais étant de loin son premier créancier. Ces liens se prolongeaient en une participation dans le holding familial du groupe, la Financière Pinault, dont la banque a acquis 24,6 % des titres au prix de 1,5 milliard de francs. Une particularité : les titres étaient non cotés et illiquides. Jean-Yves Haberer, alors à la tête du Lyonnais, a donc réclamé un droit de veto sur certaines décisions stratégiques de son client, et l'assurance que jouerait bien une clause prévoyant le versement de 80 % des dividendes remontant des structures opérationnelles (Printemps, La Redoute). Les liens se sont encore resserrés fin 1992 lorsque Altus ayant cédé une partie d'un portefeuille d'obligations à risques (environ 10,9 milliards) à François Pinault, le Lyonnais est devenu propriétaire de 25 % d'Artémis, holding situé sous la Financière Pinault et contrôlant le portefeuille d'obligations et des structures opérationnelles. Or, un rapport effectué par René Ricol, président de l'Ordre des experts-comptables, a souligné la disparition, dans les conventions passées, des engagements relatifs aux dividendes et du droit de veto. Dans le contexte de tension actuelle, cette observation a jeté le trouble sur les intentions supposées de François Pinault et Jean Peyrelevade. Mais le rapport souligne aussi que la disparition de cette clause a été adoptée en conseil d'administration du Lyonnais. En outre, de source proche de la banque, on rappelle les objectifs : alléger la créance sur François Pinault et rendre plus liquides les capitaux investis. Une renégociation a donc bien eu lieu courant 1994, débouchant sur le remboursement de 1,5 milliard sous forme d'obligations portant intérêt de 8 % et remboursables soit en cash, ou, à la demande de François Pinault, en titres Artémis ou Financière Pinault. Dans le deuxième cas, la participation du Lyonnais passait de la Financière Pinault à l'étage au-dessous, dans Artémis, où elle pouvait atteindre jusqu'à 41 %. Ce transfert rendait obsolète le droit de veto et la clause sur les dividendes, souligne-t-on. Mais la banque se rapprochait des structures opérationnelles et de facto de leurs dividendes. Mais le Lyonnais se plaçait alors dans une optique de placement à long terme, ce qui n'est plus le cas du CDR. Laurent Chemineau
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