ÉTATS-UNIS + Donaldson, Lufkin & Jenrette suscite les convoitises

Après le rachat d'Alex Brown par Bankers Trust, de Robertson Stephens par Bank America et de Montgomery Securities par NationsBank, les titres des banques d'affaires américaines encore indépendantes subissent un véritable accès de fièvre à la Bourse de New York. Celle-ci s'est, en particulier, emparée des actions de Lehman Brothers, Salomon Inc. et Donaldson, Lufkin & Jenrette (DLJ). La spéculation a été telle que John Chalsty, le patron de DLJ a jugé bon de prendre lui-même la plume la semaine passée pour expliquer dans un mémo interne que la banque d'affaires qu'il dirige n'était pas à vendre. Embaucher les meilleurs. Il faut dire qu'avec plus de 25 % du marché des obligations à haut rendement aux Etats-Unis (junk bonds), la filiale de la compagnie d'assurance Equitable (groupe Axa) représente un actif de choix. DLJ a profité du temps mort observé par Wall Street après le krach boursier d'octobre 1987 pour embaucher les meilleurs éléments disponibles sur le marché. Peu à peu, la banque s'est imposée comme une force avec laquelle il fallait compter. Outre les junk bonds, DLJ se situe dans les dix premières places pour l'émission et le placement d'actions aux Etats-Unis et pour les fusions et acquisitions. L'année dernière, Donaldson, Lufkin & Jenrette a dégagé un bénéfice net de 291,3 millions de dollars (1,7 milliard de francs), contre 179,1 millions un an plus tôt. Au cours du premier trimestre fiscal 1997, son bénéfice net a progressé de 33 % pour atteindre 86,4 millions de dollars. La brusque correction de Wall Street en avril ne devrait pas l'avoir trop indisposée puisque le marché est rapidement reparti de l'avant. De plus, les émissions d'obligations à haut rendement ont été nombreuses. Aile protectrice. La mention d'une vente potentielle est toujours flatteur pour John Chalsty car cela prouve que son établissement est à la fois respecté et désiré. « Chaque fois qu'on lui a demandé ce qu'il comptait faire de DLJ, Claude (Bébéar, le président d'Axa, ndlr) a toujours dit que ce n'était pas un de ses métiers de base mais une partie importante de son pouvoir bénéficiaire », confie le patron de DLJ. « Cela dit, si Claude reçoit une offre irrésistible, je pense qu'il ne sera pas capable d'y résister. Tout peut être vendu à un certain prix. A mon avis, les gens d'Axa sont satisfaits de leur participation dans DLJ. Nous-mêmes sommes satisfaits de la relation que nous entretenons avec eux. » Depuis qu'Equitable a racheté la banque d'affaires en 1985, elle a toujours pu opérer de manière totalement indépendante tout en profitant de l'aile protectrice d'un actionnaire puissant. « Je ne pense pas qu'Axa ait envie de vendre », conclut John Chalsty. Reste que chaque rachat de banques d'affaires par des établissements commerciaux soutient son cours de Bourse. Sur la base du prix accepté par BankAmerica pour Robertson Stephens (cinq fois la situation nette), une vente de DLJ par Equitable s'effectuerait à un cours nettement supérieur aux récents niveaux atteints (59 dollars pour une situation nette de 26,26 dollars par action le 31 décembre 1996). Pascal Boulard
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