Enfants de tous pays

Deux films à l'affiche cette semaine ont pour personnages principaux des enfants. Mais, malgré le succès public des films sur l'âge tendre et les 8,6 millions de spectateurs pour les Choristes, les producteurs ne se bousculent pas au portillon. Dans les deux films en question, le financement a été problématique et les réalisateurs ont dû s'engager personnellement pour assurer la sortie en salles.Jean-Pierre Denis n'est pas un débutant. Auteur des mémorables Blessures assassines (2000) sur les soeurs Papin, cet inspecteur des douanes a repris la caméra pour adapter le roman de Pierre Péju la Petite Chartreuse. Et c'est uniquement grâce à l'avance sur recettes qu'il a réussi à boucler le financement. En évitant de tirer trop sur la corde du mélo, il a tourné un film sensible sur la difficulté d'être dans la solitude de la vie moderne.Etienne (l'excellent Olivier Gourmet) est un libraire passionné de montagne qui vit à Grenoble où il mène une existence solitaire, traînant un sombre désespoir. Un jour, il renverse une fillette de huit ans, Eva, que sa mère a oublié d'aller chercher à la sortie de l'école. Un cas cette mère, une irresponsable jouée par Marie-Josée Croze. La petite est dans le coma et la mère qui vit seule est incapable de faire face. Le libraire va régulièrement rendre visite à Eva à l'hôpital et se substituer petit à petit à la mère défaillante en lui racontant des contes, sans chercher à savoir si elle peut seulement l'entendre. Il finit par communiquer à la petite le souffle de vie qui lui manquait pour revenir du côté des vivants. Un film pudique, émouvant.La misère des enfants du Kurdis-tan est le sujet principal des films de l'Iranien Bahman Ghobadi, révélé à Cannes 2000 par Un temps pour l'ivresse des chevaux. Non dénué d'humour, Les tortues volent aussi est son troisième film et, malgré le succès qu'il a rencontré dans les festivals de cinéma de par le monde, le cinéaste a dû s'endetter pour produire lui-même son film.L'histoire se passe dans un village du Kurdistan, à la frontière entre l'Iran et la Turquie, à la vielle de l'intervention américaine en Irak, en mars 2003. Les villageois cherchent frénétiquement une antenne parabolique pour capter les nouvelles par satellites. Un garçon très débrouillard, surnommé pour cela Kak Satellite, règne sur une troupe d'enfants orphelins qui vivent dans une cité de transit et gagnent quelques sous au péril de leur vie en déminant le pays truffé d'explosifs antipersonnels. Un jour débarque dans cette cour des miracles en culottes courtes un garçon qui a été amputé des deux bras, accompagné de sa jeune soeur et d'un nourrisson qui est le fruit d'un viol. Le manchot va bluffer son monde car il a le don de prédire les nouvelles. Du coup, Kak Satellite se trouve dépassé...Noël Tinazz
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