La monnaie japonaise inonde la planète

« Comment redonner l'envie de consommer au Japon ? En offrant des yens tout frais aux Japonais qui en manquent ! C'est ce que fait la Banque du Japon (BoJ) en ressortant la planche à billet de son armoire » : la formule peut choquer, mais son auteur, Richard Werner, le chef économiste de Jardine Fleming, a souvent parié juste. De Tokyo, il a fait gagner beaucoup d'argent aux millions de clients de la joint-venture entre Robert Fleming, le gestionnaire de portefeuille écossais (également père de Ian Fleming, créateur de James Bond), et Jardine Matheson, le conglomérat basé à Hong Kong. « Au cours de l'été 1995, la BoJ s'est mise à injecter des liquidités dans l'économie, par des achats agressifs sur le marché monétaire, car le crédit s'étouffant, les banques ne jouaient plus leur rôle de création monétaire. La BoJ a accéléré ses injections en novembre. La reprise japonaise sera donc plus rapide que prévu. L'indice Nikkei poursuivra sa hausse et la croissance de la prochaine année fiscale [qui commence en mars 1996], approchera les 3,9 % », indiquait-il hier. Le 4 juillet 1995, dans une interview à « La Tribune », Richard Werner estimait ce retournement financier rendu inéluctable par le violent recul des prix industriels dans l'archipel : « La Banque du Japon va créer de la monnaie pour enrayer la déflation. » Résultat, l'indice Nikkei a regagné 29 % de sa valeur depuis juillet. Les investisseurs ont d'abord acheté des obligations japonaises. Ils les revendent aujourd'hui pour acheter des actions. Le scénario de la relance monétaire ressemble fort à celui qui a prévalu à Wall Street. Il doit toutefois inclure la dimension culturelle du Japon, où l'on aime les tirs groupés. « Chaque mandat de gouverneur de la BoJ a un objectif clair. L'ère Mieno était celle de la délocalisation à marche forcée de l'industrie japonaise vers le pourtour du Pacifique. L'ère Matsushita sera celle du développement du marché intérieur, des services et produits à forte valeur ajoutée », expliquait à « La Tribune » Michaell Howell, le stratégiste de Barings, le 27 février 1995, juste après l'intronisation du nouveau gouverneur. Et de prévoir lui aussi que l'argent injecté par la BoJ allait inonder la planète au second semestre 1995. Réussi, le pronostic reste valable pour le premier semestre 1996. Nicolas Thiéry
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