Les émissions de dette américaines profitent des remous grecs

Soutenu par le retour de l'aversion pour le risque, le programme d'émission de dette américain suit son cours. La semaine dernière, le Trésor américain a émis un montant record de 126 milliards de dollars de dette à moyen et long terme. Dernière opération en date, l'émission jeudi dernier de titres d'échéance à 7 ans a connu son plus grand succès depuis la réintroduction de la maturité en février 2009 après seize ans d'absence. Les 32 milliards de dollars d'obligations ont été sursouscrits 2,98 fois, pour un rendement de 3,078 %, inférieur aux attentes des analystes.Les différentes adjudications de la semaine, qui ont concerné une large palette de produits allant de l'échéance à 2 ans aux obligations à 30 ans indexées sur l'inflation et 110 milliards de titres à court terme, ont dans l'ensemble rassuré sur l'appétit pour la dette américaine. Lors de l'adjudication mardi dernier de 31 milliards de dollars de titres à 4 semaines, les « investisseurs indirects », une catégorie qui inclut notamment les banques centrales étrangères, ont reçu l'intégralité des 6 milliards de dollars qu'ils avaient demandés. Cette première, depuis avril 2008, tient à la faiblesse des rendements exigés pour acquérir les titres, dont 5 % ont été adjugés à un taux inférieur ou égal à 0 %.« Le contexte est porteur pour les adjudications américaines. Les chiffres macroéconomiques américains sont très mitigés, notamment ceux concernant l'immobilier et l'emploi, tandis que l'inflation reste sous contrôle. Cet environnement justifie des taux bas pour une période prolongée, comme l'a réitéré la semaine dernière Ben Bernanke », souligne Nicolas Forest, stratégiste taux chez Dexia AM. Des inquiétudes montent pourtant concernant la capacité du marché à absorber les montants de dette colossaux que le Trésor américain devrait émettre cette année. Sur la base de 2.000 milliards de dollars d'émissions de dette à moyen et long terme, il a pour l'instant accompli 20,5 % de son programme de financement de l'année, contre 21 % pour la France et 19 % pour l'Allemagne. Mardi dernier, les statistiques montrant que les avoirs chinois en bons du Trésor avaient diminué de 4,3 % à fin décembre ont nourri les doutes sur la volonté de Pékin à continuer de financer les déficits américains. Pour l'instant, les États-Unis ont réussi sans difficulté à placer leur « papier » à des taux avantageux, à l'instar de l'Allemagne, l'autre valeur refuge du marché obligataire souverain. Évoluant en sens inverse des prix, le rendement des titres américains à 10 ans s'est détendu de 20 points de base depuis le début de l'année, à 3,62 %, tandis que les bunds allemands de même maturité ont vu leur taux baisser de 30 points, à 3,10 %. Orientés à la hausse en fin d'année dernière, ces taux sont repartis à la baisse dans le sillage de la crise grecque et des doutes sur la solidité de la reprise. L'amélioration de la conjoncture et l'importance de l'offre devraient à terme peser sur le marché américain. Les banques Pictet et Dexia tablent respectivement sur un taux d'intérêt à 10 ans de 4,40 % et 4,50 % fin 2010. n
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