Les chambres vides du Mondial

Photo AFP Zakumi trône dans la réception de l'hôtel Garden Court Marine Parade, à une cinquantaine de mètres de l'entrée du parc du supporters, sur la plage de Durban. La mascotte jaune et verte de la Coupe du monde affiche un grand sourire. Le directeur de l'établissement, Andre Greeff, rit plutôt jaune : « La Coupe du monde est une déception. Elle a plutôt mal commencé. Maintenant, ça va un peu mieux avec des réservations de dernière minute de gens venus au hasard. Mais il y a beaucoup moins de touristes étrangers qu'on ne l'espérait. Nous ne sommes pas complets, et c'est pareil dans tous les hôtels de Durban et de la région. »La région, c'est le KwaZulu Natal. Et à l'office du tourisme de cette province, on ne veut pas dramatiser. On attend la fin de la Coupe du monde avant de dresser le bilan. Lihle Dlamini, responsable de la communication, explique : « Les hôtels ne sont pas remplis, mais les chambres d'hôtes et les auberges de jeunesse le sont. Ce qui s'explique par le fait que les fans de foot préfèrent dépenser leur argent pour voir les matchs, pas pour se loger. » Une explication valable en partie, mais très politiquement correcte. Car si les hôtels ne font pas le plein, c'est aussi parce que les prix ont considérablement augmenté pendant la Coupe du monde. Et aussi et surtout parce que la Fifa a imposé des règles et des tarifs à certains hôteliers. « Du racket », confient même certains. Andre Greef fait partie de ceux qui ont reçu le label Fifa, un précieux sésame... mais qui n'ouvre pas les portes de la prospérité. Pour obtenir cet agrément, les établissements ont dû pour la plupart effectuer des travaux de rénovation. En contrepartie, leurs prix ont doublé. En plus, par le biais d'une entreprise prestataire (la société Match, dont l'un des dirigeants n'est autre que le neveu de Sepp Blatter), c'est la Fifa qui avait le monopole du service de réservation dans ces hôtels. AberrationLe problème, c'est qu'il y a eu moins de réservations que le nombre de nuitées préachetées. Les hôteliers se sont retrouvés avec des chambres sur les bras, mais avec l'interdiction de les proposer à un tarif inférieur à celui imposé par le gouvernement planétaire du football qui, dans son extrême magnanimité, a tout de même permis aux établissements concernés d'accepter des réservations directement en cours de compétition. Ce qui n'a pas empêché une aberration : alors que la plupart des hôtels n'ont pas fait le plein pendant cette Coupe du Monde, ce sont ceux labellisés Fifa qui ont eu le taux de remplissage le plus faible ! Rodolphe Massé, à Durban
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